La Direction générale des Entreprises met à l’honneur les agentes actuelles et passées qui font la direction. Ce mois-ci, nous vous présentons Solène Meissonnier, directrice de projets « Politiques européennes » au Service de la compétitivité, de l’innovation et du développement des entreprises.
Racontez-nous votre parcours en quelques mots. Qu’est-ce qui vous a amenée à la DGE ?
J’ai décidé d’orienter mes études vers la politique européenne, inspirée par un professeur de droit communautaire et par mon Erasmus à Copenhague. J’ai occupé plusieurs postes à Bruxelles au sein des institutions européennes, au Parlement européen et à la Commission, ainsi que dans de grandes entreprises. Après neuf ans, l’envie de changer d’univers m’a incitée à déménager à Singapour mais la crise sanitaire a mis à mal mon projet. En 2020, j’ai saisi une opportunité à la DGE où j’ai pu évoluer en tant que directrice de projets « Politiques européennes ». Depuis 2022, je suis en charge d’une équipe de neuf agents qui défend et négocie les positions de la DGE sur les politiques européennes.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?
J’aime le contact avec l’économie réelle, pouvoir contribuer au projet de construction européenne à notre échelle et de manière pragmatique. Les entreprises nous le rappellent chaque jour : aujourd’hui, de nombreux défis impliquent une action, à une échelle dépassant celle des États. La transition écologique en est un excellent exemple. La sensation d’avoir un impact sur le cours des choses est aussi extrêmement motivante : avec nos partenaires européens, nous rédigeons des lois qui s’appliqueront à plus de 450 millions de citoyens. J’apprécie également d’encadrer une équipe et d’accompagner mes collaborateurs pour qu’ils développent tout leur potentiel. Je suis chaque jour impressionnée par leur motivation, leur engagement et leur créativité.
Venons-en à l’égalité femmes-hommes. Quel regard portez-vous sur le sujet ?
Nous partons de très loin et il reste encore beaucoup à faire mais nous sommes sur le bon chemin. Je suis très reconnaissante envers les générations précédentes pour tout ce qu’elles ont déjà obtenu. Les femmes doivent continuer à prendre confiance en elles, oser prendre la parole ou encore ne pas hésiter à demander une augmentation. Sur ce point, les hommes sont plus à l’aise pour faire reconnaître que leur travail mérite une juste rémunération, notamment avec la montée en charge et en compétence : il est d’ailleurs arrivé qu’un de mes collègues demande une augmentation pour moi !
Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?
En politique et dans les instances dirigeantes (conseil d’administration, notamment), il y a plus de femmes, ce qui s’explique en partie par la mise en place de quotas. Cette mesure est loin d’être idéale mais elle aura permis aux femmes d’accéder davantage à des postes à responsabilité, avec un impact positif sur la performance des entreprises. J’ai espoir que, bientôt, les femmes seront reconnues à leur juste valeur et non pour répondre à un quota. On constate également que les barrières cèdent peu à peu. D’abord, les femmes ont eu accès à l’éducation puis aux grandes écoles et aux postes à responsabilité. Quant à la gestion de l’équilibre entre les vies personnelle et professionnelle, je suis ravie de voir que de plus en plus d’hommes partent en congé paternité et prennent l’ensemble de leurs jours. Parfois, ce sont les employeurs qui n’y sont pas favorables mais il est important que les pères soient également présents dans l’éducation des enfants, notamment dans celle des filles.
Imaginons : vous êtes nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, quelle est votre première mesure ?
Je renforcerais les programmes d’orientation professionnelle auprès des jeunes filles et la déconstruction des stéréotypes, notamment l’idée qu’il y aurait des métiers de femmes et des métiers d’hommes. Je me souviens que, plus jeune, nous manquions d’information sur les différentes carrières qui pouvaient s’offrir à nous. Ce manque fait que, généralement, le milieu familial et social impacte fortement les choix professionnels. Il est important de faire découvrir le champ des possibles aux filles et de leur donner envie de s’engager sur des voies qui ne paraissent pas évidentes en poursuivant les visites d’entreprise et les programmes de découverte dans des secteurs moins féminisés. Cela est également valable pour les femmes qui cherchent à se réorienter en milieu de carrière, que ce soit pour rester dans le même secteur ou pour faire un virage à 180 degrés.
Quelle serait la meilleure façon de promouvoir la place des femmes au sein de la DGE et du ministère ?
La DGE est déjà très active. En externe, avec la promotion de la place des femmes dans le secteur de l’industrie et de l’entrepreneuriat féminin. En interne, avec les actions menées par le réseau DG’Elles. Il me semble indispensable de poursuivre ces actions d’entraide, de formation et de mentorat qui aboutissent à une plus grande confiance en soi chez les femmes. J’ai moi-même été mentorée avant de devenir mentor. Les ateliers organisés par DG’Elles auxquels j’ai participé m’ont été très utiles, en particulier celui sur la prise de parole en public. Je recommande vraiment aux femmes de privilégier ce genre d’expérience qui permet à l’ensemble des participantes de créer un réseau solide et de se tirer vers le haut.
Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière en raison de votre sexe ? Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
J’ai évolué dans le secteur des transports, milieu majoritairement masculin, et je n’ai pas eu l’impression que le fait d’être une femme ait été pénalisant. Il y a quand même eu des réflexions : un recruteur m’a encouragée, sur le ton de la blague, à ne pas tomber enceinte une fois en fonction ou encore un chasseur de tête m’a demandé si je comptais avoir des enfants car le poste n’était pas compatible avec le statut de mère, selon lui. Ces questions relèvent pourtant de notre organisation personnelle et renforcent également la pression sociale. J’ai connu des femmes victimes de harcèlement au travail, c’est important et positif que la parole se délie de plus en plus et que les structures de prise en charge se multiplient.
Une figure féminine qui vous inspire ?
Je ne peux que mentionner Simone Veil pour son engagement européen et son combat en faveur des droits des femmes qui me touchent beaucoup. Je citerais aussi Olympe de Gouges qui s’est battue pour le droit de vote et celui de divorcer.
Votre conseil aux femmes de la DGE, aux futures agentes ?
Prenez du temps pour vous ! Nos contraintes personnelles et professionnelles ont vite fait d’impacter notre équilibre mental et physique. Il est vraiment indispensable de cultiver ses passions, qu’elles soient artistiques, culturelles ou sportives.
Mis à jour le 22/04/2024
Lien de la source