Par Marco Respinti* et Aaron Rhodes**
Les résolutions des organismes internationaux ne peuvent pas garantir les droits de l’homme ou la justice, mais peuvent faire appel aux obligations des gouvernements, des organisations mondiales, des organismes supranationaux et même des puissances politiques et juridiques mondiales pour remédier aux violations flagrantes des normes universelles. Le 18 janvier 2024, le Parlement européen (PE) a ouvertement condamné « la persécution actuelle du Falun Gong en Chine ». Il y a bien sûr eu des précédents en la matière, mais le langage utilisé et la clarté de la dénonciation n’ont pas d’égal dans les expressions précédentes de l’Union européenne.
Le meurtre des pratiquants de Falun Gong est perpétrée sans relâche par le régime communiste chinois depuis 1999, avec une horrible brutalité. Le Falun Gong est un nouveau mouvement religieux chinois, créé en 1992. Au départ, le régime l’a toléré et même favorisé, considérant ses pratiques basées sur une variante du qi gong, la gymnastique traditionnelle chinoise, comme une panacée saine pour le parfait citoyen communiste. Mais, échouant peu à peu à nier et à éliminer la dimension spirituelle du mouvement enraciné dans les « Trois Enseignements » (la matrice traditionnelle de la spiritualité chinoise composée du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme), le régime a commencé à persécuter impitoyablement Falun Gong praticiens. Officiellement interdit depuis 1999 (avec d’autres groupes), le mouvement est depuis devenu la proie de la pratique ignoble des prélèvements forcés d’organes pour alimenter un riche marché noir international de transplantations et autres châtiments mortels.
La résolution du Parlement européen
La déclaration « souligne concrètement que les mesures de l’UE devraient inclure le refus de visas, le gel des avoirs, l’expulsion des territoires de l’UE, des poursuites pénales, y compris sur la base d’une compétence extraterritoriale, et l’introduction de poursuites pénales internationales » contre les auteurs de telles horreurs.
Depuis 1999, note-t-il, « le Parti communiste chinois (PCC) s’est engagé dans une persécution systématique pour éradiquer le mouvement religieux Falun Gong ». Soulignant que « la liberté de croyance religieuse se détériore dans toute la République populaire de Chine (RPC) » malgré l’article 36 de la Constitution de la RPC qui « stipule que ses citoyens doivent jouir de la liberté de croyance religieuse », la résolution souligne que « la censure et la censure fondées sur la technologie la surveillance est au cœur de cette répression. Le PE déclare qu’« il est documenté que des milliers de pratiquants de Falun Gong sont morts à cause de la persécution du PCC depuis 1999 » et que « les pratiquants sont fréquemment détenus et seraient soumis à la torture, à des abus psychologiques et à des prélèvements d’organes afin qu’ils renoncent à leur foi. »
La résolution se concentre sur un cas particulier qui éclaire la persécution de l’ensemble du mouvement Falun Gong, le cas de M. Ding Yuande et son épouse, Mme Ma Ruimei, tous deux pratiquants de Falun Gong en RPC, dont le triste cas est connu. Ils ont été arrêtés le 12 mai 2023, sans aucun mandat, et Mme Ma a ensuite été libérée sous caution, grâce aux efforts publics de Ding Lebin, de leur fils et également d’un pratiquant de Falun Gong en exil. La police a continué à intimider la femme après sa libération, mais son mari reste en détention, condamné à trois ans de prison et à une amende de 15 000 CNY (près de 2 000 €) le 15 décembre 2023. Son seul délit est d’être un croyant religieux en un régime athée.
Lorsque la résolution du PE a été adoptée, le Falun Gong a publié son rapport annuel sur les victimes. Le dossier bien documenté montre que la persécution n’a pas diminué en 2023. 1 188 pratiquants de Falun Gong ont en effet été condamnés et 209 tués, ce qui porte à plus de 5 000 C’est le nombre de morts depuis que le Parti communiste chinois (PCC) a commencé à persécuter ce mouvement religieux en 1999.
Alors que les agents chinois cherchent à gagner en influence sur les gouvernements, les médias, les établissements d’enseignement et les entreprises européens, la résolution du PE mérite la plus grande attention possible. Cela peut montrer aux Européens la véritable nature du régime qui cherche à prendre la direction de la « Communauté de destinée commune pour l’humanité ».
*Marco Respinti est directeur en charge de «Bitter Winter: Un magazine sur la liberté religieuse et les droits de l’homme.»
**Aaron Rhodes est président du Forum pour la liberté religieuse-Europe. Il a été directeur exécutif de la Fédération internationale d’Helsinki pour les droits de l’homme de 1993 à 2007.
Publié à l’origine dans The European Times.