Yacob Mahi, condamné à trois ans de prison avec sursis en Belgique, a été recruté dans le nouveau centre de formation créé par Tariq Ramadan
Publié le | Le Point.fr
Mise à jour le 06/10/2020 à 17h17
À la fin du mois d’août, Tariq Ramadan crée la surprise en annonçant le lancement en octobre de « Chifa », un centre de recherche et de formation. L’étonnement est d’autant plus grand que le prédicateur, sous le coup de quatre mises en examen pour viol en France, annonce que son établissement dispensera des cours d’humanisme, d’éthique et de… féminisme. Sur Twitter, Tariq Ramadan évoque une équipe de plus d’une douzaine de professeurs, et que les cours seront soit en « présentiel », soit à distance. Aujourd’hui, l’un des intervenants d’un cours « magistral en présentiel » retient particulièrement l’attention. Il s’agit de Yacob Mahi, ancien enseignant d’un établissement secondaire à Anderlecht, en Belgique.
Présenté par « Chifa » comme théologien et islamologue, Yacob Mahi doit animer une formation sur la foi et la croyance. Or, en novembre 2019, ce dernier a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour « faits de mœurs » et pour « violences physiques » par la 54e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles. Cette peine est assortie d’une interdiction d’exercer son métier d’enseignant pendant dix ans. La condamnation de cet ancien professeur de religion islamique n’est pas passée inaperçue dans la communauté musulmane française. Le 5 novembre 2019, le site SaphirNews soulignait que Yacob Mahi avait été reconnu coupable « d’attentat à la pudeur », « d’incitation à la débauche », et de « harcèlement ». Le parquet avait même requis contre lui quatre ans de prison ferme
Une attaque contre Charlie Hebdo
De son côté, le site Oumma.com révélait que cet enseignant, proche idéologiquement des Frères musulmans, était un disciple de Roger Garaudy, qu’il qualifiait de « maître spirituel ». Par ailleurs, Yacob Mahi avait pris fait et cause pour Tariq Ramadan lorsque ce dernier avait été accusé de viol fin 2017. Plus accablant encore, le 4 février 2015, un mois après les attentats contre Charlie Hebdo, Yacob Mahi avait envoyé une lettre ouverte à la presse, estimant que « toute dérision qui ne prend pas en compte les sensibilités (…) fait de la liberté d’expression un abus ». L’enseignant avait été sanctionné par le gouvernement de la fédération de Wallonie-Bruxelles. Elle estimait que ses propos étaient contraires à son devoir de réserve. Yacob Mahi avait été muté dans un autre établissement.
Le professeur de religion islamique s’est alors tourné vers la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), défendant sa « liberté d’expression » et le « droit au respect de la vie privée et familiale ». En septembre dernier, la CEDH, à l’unanimité, l’a débouté, jugeant « irrecevable » la requête de l’ancien enseignant.
On peut raisonnablement se demander pourquoi Tariq Ramadan prend-il le risque de recruter un personnage aussi sulfureux. D’autant que son centre de formation et de recherche, avant même son ouverture, a déjà provoqué une polémique. S’agit-il d’une nouvelle provocation de sa part ? Très régulièrement, le prédicateur s’en prend, plus ou moins directement, aux magistrats en charge de son dossier.
Par ailleurs, interdit d’exercer son métier d’enseignant en Belgique, Yacob Mahi peut-il obtenir l’autorisation de donner des cours dans un autre pays de l’Union européenne, en l’occurrence en France ? « Chifa » s’adresse à des étudiants apparemment majeurs, alors qu’à Anderlecht, l’enseignant semblait davantage s’intéresser à des élèves mineurs. Notamment à un jeune Brésilien âge de moins de seize ans, à qui il aurait proposé « de venir chez lui pour avoir des relations sexuelles ». Yacob Mahi a toujours nié les faits de mœurs qui lui sont reprochés.
Antonella Sberna, récemment nommée vice-présidente du Parlement européen, a prononcé aujourd'hui un discours convaincant, soulignant le pouvoir transformateur du...