Le pape François a quitté Rome mercredi à destination du Panama, où l’attendent quelque 200.000 jeunes catholiques de 150 pays, pour une nouvelle édition des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) axées sur les crises migratoires qui déchirent la région.
Pour le premier pape latino-américain de l’Histoire, ce bain de jouvence sur ses terres ressemble à une parenthèse au milieu d’une cascade de scandales d’abus sexuels secouant l’Église.
Avant de monter dans l’avion, il a rencontré huit jeunes réfugiés, comme il le fait très souvent avant de quitter Rome.
Le thème des migrants a également été évoqué en vol à bord de l’avion dans de courtes conversations avec des journalistes. « C’est la peur qui nous rend fous », a-t-il commenté, répondant à un journaliste qui évoquait en la qualifiant de « folie » la construction jusqu’à la mer d’un mur anti-immigration entre le Mexique et les Etats-Unis.
L’infatigable pape, âgé de 82 ans, a également annoncé qu’il se rendrait en novembre prochain au Japon où il souhaitait aller comme missionnaire durant sa jeunesse.
Drapeaux sur les épaules, chantant et multipliant les selfies, des groupes de pèlerins ont envahi Panama, capitale hérissée de gratte-ciels qui borde le Pacifique, dans l’attente fébrile de François. « C’est celle-là, la jeunesse du pape! », scandent-ils.
L’avion papal doit atterrir à 16H30 locales (21H30 GMT) à Panama.
François « nous parle à nous, les jeunes, d’une façon simple et il nous pousse à être de meilleurs chrétiens, à être de meilleurs citoyens dans nos pays respectifs », a confié à l’AFP James Muphy, 23 ans, originaire de Tonga.
Après Rio de Janeiro en 2013, l’année de son élection, Cracovie en 2016, Jorge Bergoglio, assistera aux troisièmes JMJ de sa papauté dans ce petit pays de quatre millions d’habitants, premier État d’Amérique centrale à les organiser.
Il ne manquera pas d’y aborder des sujets propres à cette région, comme la pauvreté, la corruption et surtout l’émigration.
Mardi soir, lors de la messe d’ouverture des JMJ, l’archevêque de Panama, Mgr José Domingo Ulloa a dit espérer que cette visite « soit un baume pour la situation difficile » que connaissent de nombreux jeunes.
Parmi eux, ceux qui émigrent « à cause des perspectives quasi nulles dans leur pays d’origine, qui les poussent à placer leurs espoirs dans d’autres pays, les exposant au narcotrafic, la traite d’êtres humains, la délinquance et tant d’autres maux », a-t-il ajouté.
– Progression des évangéliques –
Des caravanes de milliers de migrants centraméricains, marchant désespérément vers les États-Unis, à l’exode massif de Vénézuéliens fuyant la crise économique et politique dans leur pays, l’année 2018 a été marquée par des flux migratoires sans précédent dans la région.
Autre sujet d’importance sur ce continent qui compte le plus de catholiques au monde: la progression des églises évangéliques. À un jet de pierre de la cathédrale de Panama où le pape officiera samedi prochain, pas moins de six temples évangéliques dans un rayon de 200 mètres tiennent la paroisse catholique d’un quartier populaire en virtuel état de siège.
Le septième voyage du pape argentin sur ses terres d’Amérique latine comprendra jeudi, au lendemain de son arrivée, des rencontres avec les autorités gouvernementales puis avec les évêques du pays, avant un premier bain de foule avec des jeunes. D’ici à son départ dimanche, François se rendra aussi dans un centre accueillant des jeunes atteints du sida et dans une prison pour mineurs.
Son déplacement s’inscrit dans le prolongement d’une assemblée mondiale d’évêques (synode) consacrée spécifiquement aux jeunes en octobre. Les prélats avaient été appelés à mieux écouter une génération qui fuit l’Église, bousculée par les scandales d’agressions sexuelles.
Si aucune rencontre avec des victimes d’agressions par le clergé ne figure au programme officiel à Panama, deux Costariciens ont demandé à rencontrer le pape. Ils disent avoir été victimes d’un prêtre et accusent l’archevêque de San José d’avoir couvert ces crimes.
Le dernier voyage du pape sur son continent l’avait mené en janvier 2018 au Chili, où il avait maladroitement soutenu un évêque soupçonné d’avoir tu les agissements d’un vieux prêtre pédophile. Le déplacement s’était transformé en fiasco et avait marqué un tournant dans sa papauté.
François, qui n’a eu de cesse depuis d’affirmer son intransigeance face aux « abominations » de la pédophilie, prépare pour fin février au Vatican une réunion mondiale de prélats, très attendue, sur « la protection des mineurs » au sein de l’Église.
Source AFP