Le pape François a appelé jeudi en Amérique centrale à éviter d’infliger d' »autres souffrances » aux Vénézuéliens, après le brusque regain des tensions à Caracas, et incité l’Église à aider les fidèles à « dépasser les peurs et les méfiances » vis-à-vis des migrants latino-américains.
Le pape « soutient tous les efforts visant à éviter que d’autres souffrances ne soient infligées » aux Vénézuéliens, a déclaré le porte-parole par intérim du Vatican, l’Italien Alessandro Gisotti, en marge des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) organisées au Panama jusqu’à dimanche.
Le Venezuela vit une des plus graves crises politiques de son histoire, avec deux hommes qui se revendiquent président. Le président Nicolas Maduro, qui a reçu le soutien de l’armée vénézuélienne, accuse les États-Unis d’inciter l’opposant Juan Guaido, autoproclamé président, à perpétrer un « coup d’État ». Et depuis mardi, on dénombre 26 morts dans le pays, selon des ONG.
Outre les crises politiques, comme au Venezuela et au Nicaragua, et les pénuries alimentaires, d’autres « fléaux » poussent aussi des milliers de personnes à fuir leur pays, dont les féminicides (meurtre d’une femme motivé par le fait qu’elle est une femme) particulièrement nombreux en Amérique latine, a dénoncé François.
« Violence domestique, féminicides – quel fléau vit notre continent à ce sujet! –, bandes armées et criminelles, trafic de drogue, exploitation sexuelle de mineurs et de non-mineurs », a énuméré le pape argentin devant les évêques d’Amérique centrale réunis autour de lui à Panama.
« Cette situation (la violence contre les femmes, ndlr) est sans aucun doute un fléau », a déclaré à l’AFP Fatima Melendez, 18 ans, une étudiante salvadorienne en économie. « Il fait partie de la culture très machiste (…) Nous, les femmes, avons besoin de paix pour pouvoir sortir dans la rue, nous sentir en sécurité ».
Aux migrants en quête d’une vie meilleure, l’Église peut offrir une « hospitalité fraternelle », a relevé François. « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » sont les maîtres-mots proposés par le pape aux catholiques pour améliorer le sort des migrants en Amérique latine.
Ces derniers mois, les images des caravanes de milliers de migrants centraméricains marchant désespérément vers les États-Unis ont marqué les esprits et provoqué la colère de Donald Trump.
– Église plus « cool » –
« Ce qui s’est passé avec (les migrants du) Honduras est incroyable, la façon dont certains pays d’Amérique latine les ont soutenus, leur ont donné à manger, un toit et tout ce dont ils avaient besoin. Mais il y a eu aussi des pays qui ont refusé de les aider », a déclaré à l’AFP José Pablo Paz, étudiant en télécommunications de 20 ans.
Auparavant, dans son premier discours au Panama, devant le président de ce pays Juan Carlos Varela et le corps diplomatique réunis jeudi matin, François a fustigé « toute forme de corruption » en politique, au moment où plusieurs scandales financiers éclaboussent des dirigeants sur le continent américain.
Il a lancé aux responsables politiques « une invitation à (…) mener une vie qui montre que la fonction publique est synonyme d’honnêteté et de justice et antinomique de toute forme de corruption ».
Du Brésilien Lula aux quatre derniers dirigeants péruviens, une douzaine d’ex-présidents d’Amérique latine sont en prison, en fuite, impliqués ou destitués pour des affaires de ce type.
Jeudi en fin de journée, le souverain pontife a été accueilli comme une rock star par des hourras et les applaudissements de milliers de jeunes du monde entier, dont certains avaient attendu durant plusieurs heures au bord du Pacifique.
Dans cette région où l’influence des évangéliques ne cesse de grandir, il a dit ne pas vouloir d’une Église plus « cool » ou « divertissante » pour attirer de nouveaux fidèles.
François est arrivé sur la gigantesque estrade accompagné par cinq jeunes représentant autant de continents. Dans la foule, on pouvait voir de nombreux drapeaux de pays de tous les continents.
Le pape ne pouvait pas manquer une bannière géante du Venezuela, de 60 mètres de long. « On sera tous là, en espérant que le pape nous voie, avec un drapeau géant du Venezuela, afin que les Vénézuéliens ne perdent pas espoir », a déclaré à l’AFP José Raul Peña, un étudiant vénézuélien de 20 ans.
Source AFP