21 Nov 2018
Une poignée de barrages et des interrogations: quelques blocages de dépôts pétroliers et d’axes routiers subsistaient mercredi matin, au cinquième jour de la mobilisation des « gilets jaunes » qui semble marque le pas avant un rendez-vous fixé samedi à Paris.
Point de barrage durable et théâtre de dégradations ces derniers jours, le péage de l’autoroute A10 à Virsac, au nord de Bordeaux, était en cours d’évacuation peu avant 08H00, a indiqué la préfecture de la Gironde.
L’autoroute était bloquée dans les deux sens, selon l’opérateur Vinci Autoroutes, qui fait également état de manifestants à plusieurs autres sorties de cet axe reliant Bordeaux à Paris.
Des barrages filtrants persistaient également sur l’A16 à Calais, sur la N88 en Haute-Loire, sur l’A72 dans la Loire et sur l’A62 en Gironde et dans le Lot-et-Garonne, ont relevé les bureaux de l’AFP.
En Seine-Maritime, les autorités ne recensaient que cinq ronds-points bloqués.
Après un week-end mobilisateur, le nombre de « gilets jaunes » sur les routes recule jour après jour, de 290.000 manifestants recensés samedi à travers la France à 27.000 lundi et une dizaine de milliers mardi. Mais des actes de « violences graves et répétées » sur certains points de blocage inquiètent les autorités, confrontées à une mobilisation sans organisateur ou leader clairement désignés.
Face à ce mouvement qui a essaimé sur les réseaux sociaux hors de tout cadre politique et syndical, l’exécutif alterne appels au « dialogue », prôné notamment par Emmanuel Macron mardi, et démonstrations de « fermeté », par la voix du ministère de l’Intérieur.
« Les interventions des forces de l’ordre se poursuivront dans les heures qui viennent pour libérer les sites sensibles faisant encore l’objet de blocages », a ainsi prévenu le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, dans un communiqué dans la nuit.
Depuis lundi, « 30 sites stratégiques, dont 15 sites pétroliers, cinq accès à des zones commerciales et six accès et axes autoroutiers » ont été libérés, a détaillé Beauvau.
Deux personnes ont trouvé la mort -un motard décédé mardi après une collision la veille avec une camionnette qui tentait d’éviter un barrage dans la Drôme et une femme manifestante renversée par une automobiliste samedi en Savoie-, 552 ont été blessées, auxquelles s’ajoutent 95 blessés parmi les forces de l’ordre, selon le ministère.
Par ailleurs, 582 personnes ont été interpellées et 450 placées en garde à vue depuis samedi.
– « On restera » –
A La Réunion, le mouvement a donné lieu à une flambée de violences et un couvre-feu a été mis en place la nuit dans la moitié des communes. La ministre des Outre-mer Annick Girardin a condamné une situation « intolérable », et des « violences urbaines » par des « bandes de jeunes gens qui n’ont rien à voir avec les +gilets jaunes+ ».
En métropole, six personnes ont été arrêtées dans la nuit de lundi à mardi pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre à Langueux (Côtes-d’Armor). Au péage de Virsac, des manifestants « ont saccagé et mis le feu aux installations », selon Vinci Autoroutes.
Christophe Castaner s’est alarmé d’une « dérive totale » du mouvement et d’une « radicalisation ». « Nous avons face à nous des militants qui ont de plus en plus envie d’en découdre avec les forces de l’ordre et avec des automobilistes », a insisté mardi soir son secrétaire d’État Laurent Nuñez.
« On est déterminés et on restera. On sera les derniers à Calais mais on tient bon », a affirmé à l’AFP Romuald, âgé d’une vingtaine d’années, participant à une action mercredi matin sur l’A16.
Mais sur les barrages, certains s’interrogent: faut-il continuer à bloquer coûte que coûte ou se concentrer sur « l’Acte 2 » du mouvement, une manifestation nationale samedi à Paris?
Des appels à un grand rassemblement place de la Concorde circulent. Plus de 30.000 personnes se sont déclarées « participants » à cet événement créé sur Facebook, et près de 200.000 « intéressées ».
Cette manifestation ne sera pas interdite mais elle ne pourra pas se tenir sur la place de la Concorde pour des raisons de sécurité, a assuré Laurent Nuñez, répétant l’appel à déclarer cette manifestation auprès de la préfecture de police pour trouver un lieu « plus +sécure+ ».
Plusieurs leaders politiques entendent se joindre à cette journée. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a indiqué que ses militants y participeraient. Le député du Rassemblement national (RN, ex-FN) Gilbert Collard y sera.
Côté syndical, seule la fédération FO des transports et de la logistique a appelé à se joindre aux « gilets jaunes » pour obtenir une « augmentation du pouvoir d’achat ».
Source AFP