A propos des élections du 14 octobre
Le 14 octobre 2018, les électeurs seront appelés à désigner leurs représentants aux Conseils communaux et Provinciaux. C’est pourquoi, je vais, dans la suite de ces lignes, oser rappeler rapidement mais avec plus de force à l’électeur deux questions que voici : la première concerne l’urgence de choix politiques, la deuxième se rapporte aux choix des candidats belges d’origine maghrébine.
En ce qui concerne la première question, certes, même si au premier abord ces élections sont communales, leurs enjeux politiques sont beaucoup plus importants. Ces élections communales ne seront-elles pas suivies en 2019 par les élections régionales, nationales et enfin européennes auxquelles nous allons revenir plus loin ? C’est pourquoi, les électeurs doivent avoir à l’esprit que si du côté francophone le MR, et du côté flamand la N-VA et l’Open-VLD sortent renforcés le 14 octobre prochain, il ne fera aucun doute que ce résultat va les encourager à continuer la même politique au niveau national.
Quant à la question européenne, à l’exception d’une nouvelle formation politique qui vient de voir le jour à l’occasion de ces élections communales, aucun parti n’a évoqué dans ses propositions la question de l’avenir d’une Europe citoyenne et sociale dans un monde en pleines mutations systémiques planétaires. Cette petite formation politique qui vient d’apparaitre sur la scène politique à Bruxelles et qui porte le nom de ‘’Citoyen d’Europe M3E’’ (Europe, Ethique, Equité) rappelle dans ses propositions que l’Europe doit commencer d’abord par les communes afin que tous leurs citoyens se sentent Européens sans distinction de provenance géographique ou ethnique. En somme, la commune doit représenter le miroir de la politique européenne pour une Europe du citoyen d’Europe.
A cet effet, ce nouveau mouvement (M3E) préconise l’ouverture dans chaque commune de trois guichets que voici : d’abord le guichet européen qui a pour but non seulement d’informer les habitants de la commune, ainsi que les associations privées sur les subsides européens, mais aussi de les assister dans leurs démarches pour obtenir ces avantages dans tous les domaines et les secteurs qui les touchent et les préoccupent au quotidien ; ensuite le guichet médiation qui constitue une sorte de solution alternative à la justice traditionnelle pour régler des différends entre les habitants de la commune ; et enfin le guichet associatif qui a pour mission de promouvoir des partenariats entre la commune en tant qu’institution étatique, et les associations qui opèrent au niveau communal.
Enfin, pour la deuxième question qui se rapporte au choix des candidats belges d’origine maghrébine, à propos il est à rappeler que même s’ils vivent dans le même espace citoyen, se rencontrent constamment, se côtoient quotidiennement, les Belges musulmans et non musulmans ne se connaissent pas en général, ils s’ignorent. C’est pourquoi l’électorat d’origine maghrébine en particulier, avant de faire son choix, sera en droit de se poser certaines questions sur les candidats issus de l’immigration maghrébine qui figurent sur les listes électorales : qu’ont-ils fait jusqu’à présent les représentants ‘’politiques’’ d’origine maghrébine pour mettre fin à ces ignorances qui existent de part et d’autre ? Ont-ils essayé de faire quelque chose pour aider à corriger ces ignorances réciproques ? S’expriment-ils assez sur les prêcheurs qui n’hésitent pas à faire des exégèses ‘’sauvages’’ en montant en scène pour projeter sur le texte coranique un certain nombre de désirs et de fantasmes passéistes qu’ils essaient parfois de légitimer dans un pays où il existe un mélange détonnant entre la culture démocratique et l’institution démocratique qui protège les droits et donne la parole indistinctement à tout le monde. Quels discours, ces rares élus qui sont censés être des politiques, transmettent-ils aux jeunes musulmans belges qui sont tentés par le radicalisme, pour les arracher aux griffes des prédateurs islamistes ? Sinon les enfoncer encore plus dans les ignorances et les discours de victimisation, voire des discours fondamentalistes au lieu de finir avec ceux-ci. Car n’oublions pas que le discours est un message politique d’une extrême importance. De même, ils doivent tâcher de mettre fin à l’expression du ‘’Musulman modéré’’ et à la référence à l’Islam authentique, qui ne sont pas acceptables. Toutefois, l’Islam authentique n’existe pas. Car à l’instar de toutes les autres religions, abrahamiques monothéistes, asiatiques, africaines…, il ya tout simplement l’Islam.
Bref, en résumé, tout compte fait, la question centrale qui se pose à propos de ces élus est la suivante : n’a-t-on jamais su comment et pourquoi les partis politiques dits démocratiques procèdent-ils pour choisir leurs candidatures qu’ils montrent à l’affiche ?
Les élus en question se doivent de contribuer à l’émergence d’un Islam qui prendra sa place, toute sa place, rien que sa place sur un strict pied d’égalité à côté des autres religions afin qu’il soit compatible avec le style et le mode de vie des autres composantes de la société belge. Pourquoi par exemple, les élus en question n’utilisent pas les structures associatives qui sont à leur disposition pour mettre en place des centres du ‘’fait religieux’’. Je dis bien le fait religieux et non pas l’Islam ou le Christianisme et le Judaïsme, qui se prêchent dans les mosquées, les églises et les synagogues.
Ainsi ces centres du ‘’fait religieux’’ constitueront-ils des réceptacles des jeunes qui leur permettraient d’éviter de tenir des discours fondamentalistes au sens où le fondamentalisme est la revendication des fondements divins de la loi fondamentaliste. Ces centres vont permettre également aux jeunes de faire la différence entre la pensée fondamentaliste qui réclame des fondements divins et leur application de façon dogmatique. Ainsi, à titre d’exemple, les jeunes tentés par le radicalisme vont-ils apprendre à réfléchir de façon rationnelle sur les fondements utilisés pour légitimer le port du voile, du «nikab» ou du «burkini»…
Saïd CHATAR