5 Oct 2018
L’ex-collaborateur de l’Élysée Alexandre Benalla a quitté le tribunal de Paris vendredi après-midi après plusieurs heures d’interrogatoire, son premier par les juges d’instruction en charge de l’affaire qui empoisonne l’exécutif depuis cet été.
Sans faire aucune déclaration, l’ancien chef de cabinet adjoint du président Macron est reparti vers 15H00 du tribunal de Paris, où il était arrivé cinq heures plus tôt souriant, costume-cravate et chemise blanche, en compagnie de ses nouveaux avocats Jacqueline Laffont et Pierre Haïk, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Le 22 juillet, Alexandre Benalla n’avait fait qu’une brève déclaration lors de son passage devant les magistrats qui l’ont mis en examen pour des soupçons de violences et d’ingérence dans l’action de la police en marge d’une manifestation du 1er-Mai à Paris, place de la Contrescarpe, dans le quartier Latin.
Après deux jours de garde à vue à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), le jeune homme de 27 ans était ressorti du bureau des juges avec des mises en examen pour « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique », « port public et sans droit d’insignes réglementés », « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection » et « recel de violation du secret professionnel ».
Le 10 août, l’information judiciaire a été étendue à d’autres possibles violences de M. Benalla, un peu plus tôt dans la journée au jardin des Plantes, des faits sur lesquels il n’a pas encore été interrogé et pour lesquels il n’est pas mis en examen à ce stade.
Dans un premier temps, M. Benalla avait invoqué cette procédure judiciaire en cours pour refuser de répondre à la convocation de la commission d’enquête sénatoriale, qui n’est pas autorisée à le questionner sur le volet pénal de l’affaire en raison de la séparation des pouvoirs.
Finalement, il s’est rendu le 19 septembre devant les sénateurs qui tentent de déterminer son rôle exact à l’Élysée, au cœur du dispositif de sécurité du chef de l’État, et d’éclaircir ses contradictions sur son port d’arme.
Pour sa part, l’enquête des juges se concentre sur les violences du 1er-Mai et la fuite d’images de vidéosurveillance de la préfecture de police, dans la foulée des révélations du Monde le 18 juillet.
– La fuite des images en question –
Ce jour-là, le quotidien avait publié des images montrant M. Benalla et un employé de La République en Marche, Vincent Crase, en train de rudoyer un couple sur la place de la Contrescarpe, lors d’un rassemblement de manifestants du 1er-Mai qui avait dégénéré.
Les deux hommes, qui participaient en tant qu' »observateurs » à l’opération de maintien de l’ordre, avaient ensuite remis le couple à la police pour interpellation.
Sur les images, M. Benalla est filmé, casque sur la tête, en train d’empoigner la jeune femme et de frapper son compagnon au thorax et à la tête. Des gestes dont il a minimisé la violence, affirmant avoir agi par « devoir citoyen » pour aider à arrêter « les deux personnes les plus virulentes » du groupe.
Le couple, qui avait reconnu des jets de projectiles sur les forces de l’ordre, a été placé en garde à vue mardi et s’est vu convoquer pour son procès au tribunal correctionnel de Paris à une date ultérieure
Les enquêteurs cherchent également à savoir comment des images vidéo de la préfecture illégalement transmises à M. Benalla ce 18 juillet se sont retrouvées sur les réseaux sociaux, diffusées par le compte twitter @frenchpolitic, un soutien affiché du mouvement présidentiel.
A ce sujet, le syndicat VIGI CGT police, qui s’est portée partie civile, a demandé aux juges d’auditionner le conseiller de l’Élysée Ismaël Emelien, qui a détenu un temps le CD-Rom que lui avait remis M. Benalla. VIGI a aussi réclamé que l’enquête remonte jusqu’au 14 mai 2017, date de la prise de fonction de M. Benalla à l’Élysée, qu’il soupçonne d’avoir illégalement participé à d’autres opérations de maintien de l’ordre.
Alexandre Benalla est par ailleurs impliqué depuis le 25 septembre dans un deuxième front judiciaire: le parquet de Poitiers a ouvert une enquête après que Mediapart a publié une photo où il brandit une arme, possiblement sans permis, lors de la campagne présidentielle de 2017.
Source :AFP