Dans un contexte de crises multiples, un panel de représentants internationaux ont appelé à une meilleure régulation de l’intelligence artificielle, sur la base des droits de l’homme.
Vincent MALAGUTI
Quelques semaines après l’adoption du pacte numérique mondial par l’ONU, plusieurs acteurs internationaux étaient réunis ce lundi au Palais des Nations Unies pour évoquer le potentiel, mais aussi les risques de l’intelligence artificielle (IA) pour les droits de l’homme. Tous défendent l’idée que les droits de l’homme doivent être inclus dans le développement de l’intelligence artificielle, de la collecte de données à son déploiement, en passant par sa conception.
L’ambassadeur George Papadatos, observateur permanent aux Nations Unies du Bureau de liaison européen pour la consolidation de la paix (EPLO), a présenté un projet de résolution pour mieux régir le développement futur de l’IA. Selon lui, «il faut reconnaître le potentiel d’efficacité de l’intelligence artificielle pour la négociation». Le représentant de l’EPLO indique que l’IA pourrait servir à extraire les points principaux de document et permettre de trouver les meilleurs arguments pour négocier de meilleures issues par l’amélioration des analyses prévisionnelles stratégiques. «Elle pourrait aussi apporter plus de poids au travail de petites missions», indique-t-il.
Des risques majeurs à venir?
Fatima Al-Khaabi, fondatrice et présidente de l’Union association for Human Rights, se dit davantage préoccupée par les risques. Elle indique, par exemple, que l’intelligence artificielle pourrait servir à contrôler certaines armes, dans des combats contre certaines populations ou servir à de la surveillance de masse. Si elle pointe en grande partie les mêmes défis et risques que George Papadatos, l’émiratie appelle à une harmonisation du cadre légal de chaque pays, en matière de respect des droits de l’homme, pour permettre un développement équitable et une utilisation respectueuse de l’intelligence artificielle.
Le Secrétaire général de l’ONG Interfaith International, Biro Diwara, affirme qu’il y a urgence à agir sur ces sujets. Plusieurs dizaines élections majeures vont se tenir dans le monde dans les mois à venir. Dans le contexte actuel et sans un contrôle, le risque d’hypertrucage et de désinformation à l’aide de l’intelligence artificielle ne fera que croitre. «Dans notre société de l’information, il faut s’approprier l’intelligence artificielle en réduisant ses facteurs de risques.» Le Guinéen explique qu’avec un bon développement, l’intelligence artificielle peut permettre d’accélérer la participation citoyenne ou décortiquer les prises de décisions de certains dirigeants politiques internationaux. «Il n’y a pas de temps à perdre», conclut-il.