Dimanche 30 juin 2024, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés sont arrivés en tête et ont obtenu leur meilleur résultat électoral au premier tour de leur histoire, avec 33,14 % des suffrages et 10,6 millions de voix. Suivi par le Nouveau Front Populaire (NFP), avec 28%, et le camp d’Emmanuel Macron, avec 20,8% des voix. Trente-neuf candidats RN – dont Marine Le Pen – et trente-deux candidats NFP ont été élus dès le premier tour.
Les médias allemands n’épargnent aucune critique après la confusion politique provoquée par Emmanuel Macronla décision de dissoudre l’Assemblée nationale au soir des élections européennes. Bild évoque un « tremblement de terre électoral » et un « choc Le Pen pour le président Macron ».
« L’extrême droite bat Macron et choque L’Europe » titre le quotidien espagnol El Mundo et résume le sentiment de nombreux médias du Vieux Continent. Le lundi 1er juillet, EspagneLe Premier ministre socialiste a déclaré qu’il gardait « l’espoir que la gauche française se mobilisera » après le premier tour des élections législatives, estimant qu’il fallait battre l’extrême droite « en gouvernant (…) comme l’Espagne le fait depuis six ans ».
En Belgique, les médias ont évoqué un jour qui « restera sans aucun doute dans l’histoire ».
Au Royaume-Uni, les élections législatives françaises ont fait la une de la plupart des quotidiens, qui n’ont pas ménagé leurs critiques à l’égard de l’exécutif. « La droite française humilie Macron », écrit le Times. Un avis partagé par le tabloïd Daily Mail, qui écrit que le chef de l’Etat français a « ouvert la porte à l’instabilité économique et politique ».
En Italie, pays de la leader d’extrême droite Giorgia Meloni, le principal journal du pays, Il Corriere della Sera, est cinglant : « La droite française est passée des héritiers de de Gaulle à ceux de Vichy et de l’Algérie française, une France provinciale et pleine de ressentiment qui pensait lui-même battu par l’Histoire ».
« L’Histoire dira si Macron est celui qui a retardé cette inquiétante métamorphose ou celui qui a livré la France à la nouvelle droite », résume le journal.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré lundi : « Cela commence vraiment à ressembler à un grand danger. Non seulement les résultats du premier tour des élections françaises (mais aussi) des informations sur l’influence russe et les services russes dans de nombreux partis de droite radicale en L’Europe « .
En Suisse, le principal quotidien alémanique TagesAnzeiger titrait : « La vague Le Pen efface l’aura de pouvoir de Macron ». Elle déplore que « le pays des Lumières, droits humains et le cosmopolitisme dérive plus à droite que jamais – et peut-être vers l’obscurité, l’isolement et la xénophobie ».
«La démocratie française parle et elle fait peur», affirme un éditorial du grand quotidien romand suisse Le Temps.
Le UE est concerné
Officiellement, les institutions et autorités européennes sont restées silencieuses et il n’y a eu aucune réaction de la part de Bruxelles.
L’arrivée du Rassemblement National, parti anti-européen, à la tête du gouvernement d’un des membres fondateurs de l’UE est redoutée par Bruxelles. D’autant plus que la France est à la fois le deuxième contributeur au budget de l’UE et le deuxième pays le plus peuplé. De plus, le partage du pouvoir au sommet de l’exécutif français pourrait affaiblir la position du président Emmanuel Macron, qui continuera à siéger au Conseil européen.
Ukraine est un sujet de préoccupation pour Bruxelles, car le président français Emmanuel Macron est considéré comme l’un des plus fervents partisans européens de l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, et pourtant le Rassemblement National n’a jamais soutenu l’Ukraine et a montré sa proximité avec la Russie, que ce soit par le biais de prêts russes. banques ou lorsque Marine Le Pen a été reçue par le président Vladimir Poutine.
Vu des États-Unis – Une crise constitutionnelle et financière en France ?
Selon CNN, « un gouvernement d’extrême droite pourrait conduire à une crise financière ainsi qu’à une crise constitutionnelle. Le RN a fait de grosses promesses de dépenses […] à un moment où le budget français pourrait subir le feu nourri de Bruxelles.»
Pour la chaîne américaine CBS : « Le Rassemblement National, dirigé par Marine Le Pen et fondé par son père négationniste, a renoncé à son passé antisémite pour jouer depuis plusieurs années la carte islamophobe, où les migrants sont présentés comme une menace, notamment pour les femmes. » ». Il souligne qu’en Italie Giorgia Meloni est au pouvoir depuis deux ans et qu’en Allemagne, le parti d’extrême droite AFD – dont l’un des dirigeants a été condamné pour avoir utilisé un slogan nazi – a réalisé un record aux élections européennes. Bientôt, la Hongrie de Viktor Orban prendra la tête du Conseil de l’Union européenne pour plusieurs mois avec le slogan « Make L’Europe encore génial», en hommage à «son ami» Donald Trump. La question que se pose CBS : « Que peut-il se passer lorsque les démocraties amènent au pouvoir des dirigeants qui flirtent avec des idées antidémocratiques ? »
Publié à l’origine dans The European Times.