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Comment devenir un artisan de la paix ? -europeantimes.news-

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par Martin Hoegger, www.hoegger.org

« Synaxe », association œcuménique vieille de plus de 50 ans, a regroupé une quarantaine de membres de diverses communautés orthodoxes, catholiques et protestantes au monastère de Brâncoveanu, près de Sibiu en Roumanie. Une semaine intense de partage, de réflexion et de prière sur la Béatitude « Bienheureux les artisans de paix ».

Au cours de cette rencontre, à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister, cette béatitude a été explorée sous différents angles ; il s’est déployé et s’est élargi. Comment puis-je être davantage un artisan de la paix ? Cette question me restera longtemps, surtout dans des contextes où il est difficile de vivre l’amour de ses ennemis.

Tant de guerres déchirent l’humanité. La guerre dans Ukraine a causé un grand traumatisme dans la société. Selon Taras Dmytrykde qui Ukraine, a participé à une vidéoconférence, il faudra au moins trois générations pour guérir. Tout comme la réconciliation a pris du temps après la Seconde Guerre mondiale, il faudra beaucoup de travail pour parvenir à la réconciliation après la guerre dans ce pays. Les chrétiens ont le devoir sacré de s’y engager. Les réunions « Synaxe », auxquelles il a souvent participé, l’inspirent et l’encouragent. Ils lui rappellent que la vraie paix vient d’en haut ; c’est une grâce donnée par Dieu. C’est pourquoi il est essentiel de prier sans cesse, tâche à laquelle se consacrent les personnes consacrées.

« La paix bénie par le Christ est le résultat et le fruit de la purification du cœur et de l’union avec Dieu », dit Athénagorasmétropolite orthodoxe du Benelux et président de Synaxis.

Le fondement de la paix est posé par le Christ qui, par son incarnation et son œuvre rédemptrice, a réconcilié l’humanité avec Dieu. La paix a trois dimensions : La paix avec Dieu, avec soi-même et avec le prochain : « Si une personne ne goûte pas la paix dans son âme et avec Dieu… elle ne peut pas l’offrir aux autres. Chacun de nous donne aux autres ce qu’il a, pas ce qu’il n’a pas », ajoute-t-il.

La paix n’est pas un concept ou un programme politique, mais le Christ lui-même qui guérit et pardonne. Il faut la rechercher partout, notamment auprès de nos proches. Cela fait partie de la vie chrétienne ordinaire, mais semble souvent absent des disciples du Christ. Pour Athénagoras, la haine entre eux est l’un des « péchés les plus graves » !

La paix commence par la rencontre

La paix commence par la rencontre avec les autres et par leur écoute : « nous avons besoin de l’hospitalité du visage et de l’oreille », dit-il. Le cardinal Mercier disait : « Pour nous unir, il faut s’aimer ; pour s’aimer, il faut se connaître. Pour se connaître, il faut sortir et se rencontrer ».

La paix se soutient par la prière, qui doit être humble : « Vous n’aimerez jamais quelqu’un pour qui vous ne priez pas. La prière ouvre en nous un canal pour participer à l’amour de Dieu pour l’autre ».

Dans un beau message, Anne Burghardt, Secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale, écrit : « En mettant en avant ce thème, vous nous rappelez à tous que la vie consacrée, la vie en communauté, sous ses multiples formes, offre un signe unique au milieu des pouvoirs contradictoires et, si je puis dire, , une résistance offerte par la prière ».

Elle rappelle également la pensée du pape François, pour qui « marcher ensemble » (synodalité) définit qui nous sommes en tant que chrétiens. « Durant cette marche, nous dialoguons, nous prions, nous nous engageons dans un service commun pour tous ceux qui en ont besoin ».

Paix, fruit du Saint-Esprit.

Frère Guillaume, de la Communauté de Taizé, vit au Bangladesh depuis 47 ans. Il vit parmi des gens simples et veut nous offrir des mots simples. Il a commencé par une chanson en bengali, le 6ème langue la plus parlée au monde. Puis un chant de Taizé inspiré de la lettre aux Romains : « Le Royaume de Dieu est justice et paix. Et la joie dans le Saint-Esprit » (1, 4.7).

Selon la lettre aux Galates, la paix est l’un des fruits de l’Esprit (5 : 22). Tous ces fruits doivent être enrichis. D’un autre côté, nous devons lutter contre notre propre nature pour trouver la paix. Les premiers chrétiens l’ont fait et sont devenus des personnes libres et remplies des dons de l’Esprit. On n’entend pas souvent cela aujourd’hui, mais c’est essentiel.

Selon Séraphin de Sarov, le but de la vie chrétienne est d’être constamment habité par le Saint-Esprit (« l’acquisition de l’Esprit », comme il le dit). Pour y parvenir, nous devons lutter contre nos passions ; la tranquillité d’esprit passe par de nombreuses tribulations.

La libération personnelle ne suffit pas. Nous devons nous entraider et vivre dans la justice. La paix ne peut exister sans justice et, comme nous l’avons chanté, « le royaume de Dieu est justice et paix » (1, 4.7).

Par dessus tout, la paix se construit si nous devenons des personnes réconciliées, accueillant les dons des autres. « Il y a unité entre nous dans la mesure où nous nous rapprochons du Christ ». Ces paroles d’un moine du Mont Athos ont profondément marqué frère Guillaume.

Comment témoigner de la paix du Christ au Bangladesh, où il n’y a que 0,5 % de chrétiens ? Il faut avant tout voir la beauté du pays et le courage des gens qui vivent une vie très difficile. Annoncez ensuite l’Évangile, autant que possible, par notre exemple, en étant proche de tous, spécialement des pauvres et des malades.

Pour instaurer la paix, nous devons nous rapprocher des gens et instaurer la confiance en travaillant ensemble. Ce n’est pas facile, car les gens restent seuls. Au lieu de voir ce qui ne va pas chez les autres chrétiens, nous devons apprécier la façon dont le Christ est présent dans leur Église : quels dons il a donné.

Enfin, la paix est liée à la simplicité de vivre, se contenter de peu. Gandhi l’a très bien compris ; pour lui, l’avidité conduit au manque de paix, tandis que la simplicité conduit à l’ouverture aux autres. Les personnes possédant un smartphone sont avides de nouvelles, mais ne s’intéressent pas aux personnes à côté d’elles dans le bus. En revanche, les pauvres qui n’ont pas grand-chose sont plus intéressés à connaître les autres. Il en va de même pour les Églises qui étaient convaincues de détenir toute la vérité, mais qui n’étaient pas intéressées par les autres Églises et n’en avaient pas non plus besoin.

Pour d’autres articles sur ce thème, voir : https://www.hoegger.org/article/blessed-are-the-peacemakers/

Publié à l’origine dans The European Times.

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