Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre dernier et la riposte d’Israël, de nombreuses régions du monde connaissent une montée inquiétante de l’antisémitisme. La France, en particulier, a enregistré plus de 1300 incidents, signalés par les autorités policières, témoignant de la gravité de la situation.
L’Azerbaïdjan, solide allié d’Israël, est engagé dans un conflit de longue date avec l’Arménie. Cette alliance suscite la désapprobation de nombreux Arméniens, qui voient d’un mauvais œil la proximité entre Jérusalem et Bakou. En signe de protestation, certains Arméniens ont réagi en attaquant des symboles juifs au sein de leur propre pays.
Le 15 novembre dernier, des individus ont lancé des cocktail molotov sur la synagogue d’Erevan (capitale d’Arménie). Dans un communiqué, la police n’a pas souhaité dire que le bâtiment abritait une synagogue, mais Rimma Varjapetian, représentante de la communauté juive d’Arménie, l’a confirmé à l’AFP et a dit que « l’attaque avait eu lieu le 15 novembre au petit matin alors que l’immeuble était vide. »
La situation des Juifs en Arménie
Déclin démographique : La communauté juive d’Arménie en voie d’extinction
Au cœur des montagnes caucasiennes, l’Arménie abrite l’une des plus petites communautés juives du monde. Selon diverses statistiques alarmantes, la population juive dans le pays est en constante diminution, atteignant actuellement un chiffre aussi bas que 700 individus. Un exode massif a marqué la période entre 1992 et 1994, où plus de 6 000 membres de la communauté juive ont pris la décision de quitter leur terre natale. Les raisons de cette émigration massive sont multiples, allant de difficultés économiques à des préoccupations liées à la sécurité.
Montée inquiétante de l’antisémitisme en Arménie : des attaques ciblées malgré une population juive réduite
Malgré la modeste taille de la communauté juive en Arménie, celle-ci est de plus en plus la cible d’attaques antisémites préoccupantes. Les résultats du rapport de l’Anti Defamation League révèlent que l’Arménie se distingue comme le pays post-soviétique affichant le taux le plus élevé d’antisémitisme, avec 58% de sa population partageant des sentiments anti-juifs.
Récemment, une déclaration choquante a été faite par M. Poghosyan, ancien conseiller du chef d’état-major des forces armées arméniennes et ex-assistant de l’ancien conseiller principal du président arménien pour les questions de sécurité nationale. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et des groupes Telegram, M. Poghosyan a déclaré sans équivoque : « J’aiderai le Hamas à tuer des Juifs ».
Les propos injurieux se poursuivent dans la vidéo, où Vladimir Poghosyan affirme : « Vous, les chacals, devez être complètement exterminés. Je suis quelqu’un qui a travaillé toute sa vie dans le domaine du renseignement et qui a mené des opérations du niveau de votre Mossad et même plus ». En début de vidéo, cet ancien haut fonctionnaire exprime ses opinions négationnistes, déclarant : « Je n’ai jamais reconnu l’Holocauste » et qualifiant les Juifs de « peuple destructeur qui n’a pas le droit d’être sur cette terre ».
Selon L’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy (ISGAP), la propagande anti-israélienne et anti-juive en Arménie alimente des stéréotypes antisémites classiques. Le rapport publié en août 2023 de l’ISGAP met en lumière la préoccupante diffusion de la propagande anti-israélienne et anti-juive en Arménie, souvent associée à des sentiments anti-azerbaïdjanais. Cette campagne, qui trouve écho tant au sein des autorités que dans le grand public, comprend fréquemment des clichés antisémites classiques, selon les constatations de l’ISGAP.
Le rapport cite le colonel Arkady Karapetyan, qui a déclaré à l’agence de presse arménienne « Realist », que « les instructeurs israéliens nous ont tiré dessus pour tester leurs armes… Les Juifs ont récemment célébré la journée de commémoration des victimes des camps de concentration, largement couverte par les médias mondiaux. Pendant ce temps, Israël encourage activement la transformation de l’Artsakh en un camp de la mort.«
Le 3 octobre 2023 , le Centre culturel Juif d’Erevan a été vandalisé. Quelques heures plus tard, on pouvait lire sur les reseaux sociaux arméniens que ce méfait devait être compris comme des représailles à la vente par Israël de drones et d’autres armes à l’Azerbaïdjan et à la récente critique par des dizaines de rabbins de la rhétorique utilisée par les responsables arméniens, qui ont comparé les actions de l’Azerbaïdjan contre les troupes et les civils arméniens et la Shoah.
L’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA) a revendiqué la responsabilité ce cet acte. Il est bon de rappeler le lien historique entre l’ASALA et l’Iran. L’ASALA, créée en 1975, s’est entraînée dans la vallée de la Bekaa aux côtés d’organisations terroristes palestiniennes, collaborant ainsi contre Israël.
En conclusion, ces exemples mettent en lumière le péril inhérent à l’introduction de récits antisémites et antisionistes classiques dans le discours public arménien. Dans le contexte de la défaite d’Erevan lors de la deuxième guerre du Karabakh et de l’émergence d’un nationalisme arménien radical, cette menace semble s’affirmer comme une réalité palpable. Il devient impératif que l’Arménie engage une réflexion approfondie sur les conséquences de telles narrations toxiques, tant sur les relations intercommunautaires que sur la stabilité régionale.