Au début, les utilisateurs des réseaux sociaux ont cru qu’il s’agissait d’un collage et d’une tentative malveillante de compromettre le patriarche russe. Par la suite, il est devenu clair que le tableau était un original et qu’il a reçu une place d’honneur dans la résidence patriarcale, afin qu’il puisse être vu de tous.
Dans le tableau, le patriarche Cyrille est représenté en pied sur fond de trois anges de l’icône « Sainte Trinité » d’Andrei Rublev. Au pied des pieds du patriarche est représentée la Sainte Rus, et il est représenté comme un pilier qui relie la terre et le ciel, en même temps, selon l’artiste, au même niveau que les trois Personnes de la Sainte Trinité. .
Le tableau a tous les traits du kitsch religieux et est évidemment conjoncturel. Cependant, cela envoie un message sans équivoque sur l’idéologie officielle de l’Église russe à l’heure actuelle. Il est surprenant que la mégalomanie de l’image, à la limite du blasphème, n’ait pas été reconnue comme problématique et que le tableau ait été placé dans un endroit bien en vue afin que tous les visiteurs de la résidence patriarcale puissent le percevoir avec admiration et avec une conscience de la métaphysique du patriarche Cyrille. lieu dans l’histoire.
La photo a suscité des milliers de commentaires sur les réseaux sociaux, y compris satiriques : « Le patriarche était déjà déifié et est devenu de son vivant la quatrième personne de la Trinité. Il est clair que la Trinité originelle est désormais obsolète et inutile.
Selon des commentaires plus sérieux, l’idée était de présenter un saint patron. Cyrille à l’image d’Abraham comme « père des nations » :
Dans l’iconographie traditionnelle, cependant, Abraham n’est jamais mis en valeur de la même manière que Cyrille : ni au niveau de la composition (Abraham n’est presque jamais représenté au centre de la composition, mais seulement à la fin et le plus souvent en arrière-plan) ; ni en termes de contenu (il sert, divertit et ne se « révèle » pas sur fond d’anges), ni en termes de couleur (aucun accent de couleur n’est posé sur sa silhouette). Ici, Cyrille s’avère « égal » à la Sainte Trinité et la « dépasse » même visuellement, intercédant (assombrissant) de manière significative l’ange central, et même le « remplaçant » sur le plan de la composition.
Pour l’auteur du portrait, la théophanie de l’Ancien Testament (apparition de Dieu, ndlr) en tant que telle n’a pas de signification particulière. L’artiste ne s’intéresse pas à Dieu. Pour lui, il est plus important de « révéler » la grandeur de Cyril. Et le résultat est absurde : d’un point de vue sémantique, l’image de Cyrille est primaire, et l’image de la Trinité est secondaire. Le fait que le patriarche ait donné sa bénédiction pour accrocher ce « produit d’art » sans talent dans sa résidence montre qu’il aime cette image…
Publié à l’origine dans The European Times.