Le gouvernement kenyan s’est porté volontaire pour diriger une force internationale en Haïti et déploiera 1 000 soldats dans ce pays des Caraïbes.
Le Les Nations Unies Charter a autorisé le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSSM) en Haïti. La résolution, adoptée lundi 2 octobre 2023, reconnaît que la situation actuelle en Haïti présente un risque pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région environnante.
Le gouvernement haïtien demande depuis un an une mission pour rétablir l’ordre. Le Kenya s’est dit prêt à envoyer 1 000 policiers, une offre saluée par les États-Unis et d’autres pays réticents à envoyer leurs propres troupes sur ce terrain à risque. Environ 2 000 personnes devraient être déployées en Haïti d’ici fin janvier 2024, dont 1 000 policiers kenyans. Leur objectif premier sera d’assister la Police nationale haïtienne à démanteler les gangs et à rétablir l’ordre dans tout le pays.
En outre, un millier de policiers et de militaires de pays des Caraïbes tels que la Jamaïque, les Bahamas, le Suriname, la Barbade et Antigua devraient unir leurs forces au contingent kenyan. Approuvé par l’ONU ce international mission est nettement inférieur à celui des efforts de maintien de la paix précédents déployés en Haïti.
Lors de l’intervention de l’ONU menée par les États-Unis en 1994, jusqu’à 21 000 soldats ont été impliqués. L’objectif principal à l’époque était de réintégrer Jean Bertrand Aristide comme président élu, après son renversement trois ans auparavant.
En 2004, une mission multinationale, sous la direction du Brésil, comptait 13 000 personnes. Cette mission s’est terminée en 2017 à la suite d’une série de scandales impliquant des soldats de la paix (tels que des incidents de viol, d’agression sexuelle et de fiançailles avec des prostituées). Accusations contre un camp associé au contingent népalais, pour avoir introduit le choléra (qui a fait près de 10 000 morts) tout en n’atteignant pas les objectifs visés. L’objectif principal était de démanteler les gangs et de promouvoir la réforme du système policier et judiciaire tout en maintenant la paix et la stabilité.
Crainte d’abus de la force internationale
De nombreux groupes de défense des droits humains sont préoccupés par les violations, la police kenyane ayant été accusée de commettre des abus au sein de son propre pays.
Les ONG sur le terrain ont signalé des cas de corruption, de recours à la force, d’arrestations arbitraires et même d’exécutions sommaires. Amnesty International s’est dite préoccupée par les méthodes employées par la police haïtienne, qui établissent des parallèles avec celles de la police kenyane. Ils craignent une violation des droits de l’homme.
Cette situation présente un risque puisque cette mission bien que soutenue par l’ONU n’est pas directement contrôlée par l’organisme. Le Kenya détient une autorité à cet égard.
Sur cette question, les États-Unis cherchent à rassurer. En tant que financier de la mission, ils proposent de mettre en place un mécanisme de surveillance pour prévenir tout abus. Cependant, aucun détail supplémentaire sur ce mécanisme n’a été divulgué. En outre, Washington met l’accent sur l’expérience du Kenya dans les missions de maintien de la paix en Somalie et en République démocratique du Congo.
Peur des gangs
Le chef du gang du G9, Jimmy « Barbecue » Chérizier, ancien policier, a publié un communiqué affirmant que la force internationale ne serait chaleureusement accueillie que si elle venait « arrêter le Premier ministre et nous aider à rétablir l’ordre ». Pour le reste, celui qui est considéré comme l’un des hommes les plus puissants d’Haïti se dit prêt à se battre « jusqu’au bout ».
Afin de répondre efficacement à la question des groupes armés, qui contrôleraient plus de 80 % de la capitale, la mission devra intervenir dans les quartiers populaires et les bidonvilles. Cela nécessitera une coopération avec une force de police qui a connu une diminution considérable de ses effectifs ces dernières années.
Actuellement, le nombre de policiers en service est tombé à moins de 9 000, soit une diminution par rapport au précédent décompte de 16 000 policiers en 2021. Dans des zones peuplées comme celles-ci, toute forme d’intervention comporte des risques en raison de la connaissance approfondie du terrain par les criminels.
Compte tenu de ces circonstances et du défi auquel la force internationale en Haïti est confrontée pour faire la distinction entre les bandits et les résidents locaux, il semble que la mission internationale soit aux prises avec un équilibre des pouvoirs.
D’autant plus que la population s’arme. Selon les Nations Unies, il y a eu des incidents au cours desquels des milices et des groupes prétendant être « d’autodéfense » ont causé la mort de plus de 350 personnes depuis avril en raison du sentiment d’insécurité ambiant. Des actes de vengeance extrêmement brutaux ont eu lieu, des membres de gangs étant brûlés vifs dans la rue.
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Publié à l’origine dans The European Times.