Pour de nombreux réfugiés et migrants à travers le monde, l’arrivée de l’hiver marque le début d’une période potentiellement mortelle.
Nous sommes nombreux à accueillir avec délice les premiers signes de l’hiver et de la neige. On l’associe à la chaleur : pulls tricotés, cheminées cosy, fêtes de fin d’année, enfants jouant dans la neige. Mais pour d’autres, l’arrivée de l’hiver marque le début d’une période potentiellement mortelle.
Nous le voyons tous les jours à travers L’Europe : la vie, la santé et le bien-être des réfugiés et des migrants sont mis en danger à cause de la géopolitique.
Au cours des dernières semaines, des milliers de migrants sans papiers se sont retrouvés bloqués dans un no man’s land aux frontières de la Biélorussie avec la Pologne, la Lettonie et la Lituanie. Plusieurs ont perdu la vie; parmi eux, des femmes et des enfants. Plus de 60 % des migrants avec lesquels des experts de l’OMS/Europe se sont entretenus lors d’une récente mission à la frontière entre la Biélorussie et la Lituanie avaient besoin de soins médicaux.
Lors de ma visite le mois dernier sur un site abritant 2000 migrants en Biélorussie, j’ai pu constater de visu la vulnérabilité de leur situation. Ceux que j’ai rencontrés – des familles avec enfants, jeunes et vieux – vivaient dans des conditions très difficiles, surpeuplées et dépourvues d’installations sanitaires. Ils étaient fatigués et désespérés, mais s’accrochaient toujours à l’espoir d’une vie meilleure.
En même temps, de l’autre côté de L’Europe , des centaines de personnes risquent leur vie pour traverser les mers d’Europe, par la Manche ou la Méditerranée. Maintenant, les décès au cours de ces voyages perfides font à peine la une des journaux. Rien que le mois dernier, 90 personnes ont perdu la vie en Méditerranée et au moins 34 dans la Manche.
En regardant au-delà de l’Europe et de l’Asie centrale, nous pouvons déjà prévoir que davantage de personnes devront fuir la crise humanitaire qui se déroule rapidement en Afghanistan. À l’heure actuelle, 8,7 millions de personnes en Afghanistan ne reçoivent pas assez de nourriture, et l’hiver en Afghanistan peut être brutal. Les Nations Unies estiment que 274 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire l’année prochaine, soit une augmentation de 17 % par rapport à cette année. Fournir une aide humanitaire aux pays dans le besoin peut contribuer grandement à résoudre les raisons pour lesquelles tant de personnes partent en recherche d’une vie meilleure en premier lieu.
Sur tous ces fronts, l’OMS travaille avec des partenaires pour alléger la souffrance humaine, en fournissant des fournitures essentielles ; collaborer avec les autorités nationales pour répondre aux besoins immédiats, y compris la fourniture d’installations sanitaires ; créer des unités médicales; et l’amélioration des mesures de prévention, telles que le dépistage et la vaccination, contre le COVID-19. Depuis sa visite au Bélarus, des mesures concrètes ont été prises par les autorités locales et nationales pour améliorer la fourniture de soins de santé primaires et les installations sanitaires pour les migrants. Mais quelle que soit l’importance de ces actions, elles ne remplacent pas des solutions plus durables.
C’est un moment décisif. Indépendamment du consensus politique ou de son absence, les réfugiés et les migrants doivent recevoir une aide humanitaire et avoir accès aux soins de santé. Alors que la Région européenne de l’OMS fait face à une nouvelle vague de COVID-19 avec l’émergence d’une nouvelle variante et une forte augmentation des cas, nous devons assurer la protection contre le COVID-19 pour les plus vulnérables. Cette pandémie nous a appris que personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité.
La santé ne devrait jamais être une question de politique et l’accès à la santé doit être protégé en tant que droit humain fondamental. L’OMS/Europe défend depuis longtemps la santé des migrants et des réfugiés, en aidant les pays à se préparer à l’arrivée massive de réfugiés et de migrants et à développer des systèmes de santé inclusifs et adaptés aux migrants. C’est un principe du programme de travail européen de ne laisser personne de côté. Mais nous devons accélérer ce travail avec un soutien intersectoriel et politique.
C’est pourquoi nous invitons les ministres de la santé des régions européenne, africaine et méditerranéenne orientale à un sommet de haut niveau en mars 2022 pour trouver une voie commune à suivre et mobiliser l’engagement politique pour assurer la santé des réfugiés et des migrants.
Une bonne santé est quelque chose dont tout le monde, partout, devrait pouvoir profiter. Un changement de saison ne devrait pas être une question de vie ou de mort. La santé n’est pas un privilège : c’est un droit fondamental pour tous, y compris les réfugiés et les migrants.
Accordons à tous les êtres humains le respect, la dignité et l’accès aux soins de santé, non seulement cet hiver, mais pour les années à venir.
Publié primier a The European Times news