En 1982, les États membres de l’ONU ont convenu de signer une convention sur le droit de la mer. Les négociations sur le nouveau traité auront duré près de vingt ans, et leur issue positive est une bonne nouvelle car rien ne prévoyait que les pays membres seraient enfin d’accord.
Après deux semaines de discussions intenses, dont une séance nocturne vendredi, les délégués ont finalisé un texte qui ne peut plus être modifié de manière significative. « Il n’y aura pas de réouverture ni de discussions de fond » sur cette question, a assuré la présidente de la conférence Rena Lee aux négociateurs.
Outre la reconnaissance d’un patrimoine commun de l’humanité, le texte de cinquante-quatre pages est censé jeter les bases d’un plan de sauvegarde de l’océan. Il prévoit entre autres la création d’aires marines protégées couvrant une superficie équivalente à 30% de la haute mer. C’est une manière de concrétiser les promesses faites lors de la dernière COP pour la biodiversité signée à Montréal au début de l’hiver.
« La délimitation de ces zones se fera de manière consensuelle et au cas par cas », précise Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, une association impliquée dans la lutte contre la destruction des écosystèmes marins. « Il y a un risque de se retrouver avec des zones protégées où les activités humaines destructrices sont encore autorisées, comme c’est le cas en France…
L’autre pilier du nouveau traité ? Un partage plus équitable des ressources génétiques marines. Le nouvel accord devrait ainsi déboucher sur la création d’un fonds commun auquel serait reversé une partie des bénéfices de la haute mer, de l’ordre de 2%. Reste à « trouver le bon mécanisme pour mettre en œuvre tout cela au-delà de la simple promesse », estime Frédéric Le Manach.
Le contenu exact du texte n’a pas été immédiatement publié, mais les militants l’ont salué comme un moment décisif pour la protection de la biodiversité. « C’est un jour historique pour la conservation et un signe que dans un monde divisé, la protection de la nature et des personnes peut triompher de la géopolitique », a déclaré Laura Meller de Greenpeace.
Dans un communiqué conjoint du ministère des Affaires étrangères et du secrétaire d’État à la Mer, la France s’est également félicitée d’un « accord historique ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a félicité les délégués, selon un porte-parole : l’accord est une « victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, maintenant et pour les générations à venir ». UE Le commissaire à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, s’est dit « très fier » du traité, le saluant comme « un moment historique pour nos océans ».
L’ONG Bloom craint toutefois « des procédés doux qui ne nomment pas les choses » et un traité « qui restera un vent » en l’absence de « volonté politique de mener des actions concrètes », estime Frédéric Le Manach.
Le nouveau traité international sur la protection de la haute mer doit maintenant être traduit dans les six langues officielles de l’ONU dans les prochaines semaines, avant d’être envoyé à chacun des pays membres de l’organisation pour validation par les parlements nationaux. Le consentement d’au moins soixante pays sera requis pour son entrée en vigueur.
Publié à l’origine dans The European Times.