Cette décision fait suite à une requête auprès du Conseil d’État belge visant à annuler la dérogation belge pour l’utilisation d’insecticides toxiques pour les abeilles sur les cultures de betteraves sucrières. La demande a été déposée par les groupes militants Pesticide Action Network L’Europe (PAN Europe), l’association Nature & Progrès Belgium, qui sensibilise et informe le grand public sur les questions environnementales et sociétales, et un apiculteur belge.
L’arrêt de la CJUE rebat les cartes et redonne espoir aux organisations environnementales, l’institution rappelant que l’interdiction a été adoptée « en raison des risques aigus et chroniques élevés pour les abeilles des semences traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant ces néonicotinoïdes ». Depuis 2021, malgré les protestations des associations contre les autorisations successives, ni le gouvernement ni la justice ne les ont suivies.
Les néonicotinoïdes sont interdits depuis fin 2018 dans l’Union européenne en raison de leur dangerosité pour la biodiversité et la santé humaine. Onze pays continuent d’octroyer des « autorisations d’urgence » aux acteurs de la filière betteravière, qui peinent à trouver des alternatives. Selon un récent rapport de PAN Europe, UE Les États membres ont accordé plus de 236 dérogations pour des pesticides interdits au cours des quatre dernières années, les néonicotinoïdes représentant près de la moitié (47,5 %).
Les groupes anti-pesticides ont fait valoir que les néonicotinoïdes sont de plus en plus utilisés à titre préventif par « enrobage des semences » au lieu d’être pulvérisés sur la culture. Cela signifie qu’ils sont appliqués directement sur la graine avant même que la plante ne soit infestée de parasites.
Sans surprise, l’arrêt d’aujourd’hui met fin à près de la moitié des dérogations accordées par les États membres aux pesticides interdits.
Le gouvernement français prévoyait d’accorder une dérogation pour la troisième année consécutive, en 2023, aux betteraviers utilisant ces substances. Elle devra abandonner ce projet, désormais considéré comme illégal par l’UE.
Publié à l’origine dans The European Times.