Les Thémas de la DGE n°6
Les délocalisations constituent un enjeu majeur du débat public en France sur la mondialisation et son impact sur la désindustrialisation. Pour autant, leur quantification demeure une tâche compliquée, du fait de définitions et méthodologies diverses, et les études existantes fournissent essentiellement des évaluations ponctuelles de leur niveau. Pour la première fois, une estimation de l’évolution temporelle des délocalisations est reconstituée à partir de l’enquête « Chaînes d’activité mondiales » (CAM) de l’Insee, en mobilisant des techniques d’intelligence artificielle (machine learning). Le travail réalisé porte sur une période rétrospective caractérisée par une désindustrialisation de l’emploi (1995-2017).
Le nombre de délocalisations aurait sensiblement baissé depuis la crise de 2008-2009 (- 35 % entre la moyenne de 1995-2008 et celle de 2011-2017, et division par deux des emplois concernés par les délocalisations). Plus spécifiquement, trois périodes peuvent être distinguées :
- entre 1995 et 2008, les délocalisations se caractérisent par un niveau relativement élevé et une certaine procyclicité : les délocalisations sont d’autant plus importantes que l’investissement apparaît élevé dans un contexte d’accès relativement aisé au financement ;
- en 2009-2010, la crise et la récession conduisent à une chute brutale du nombre de délocalisations, concomitante avec la baisse du taux d’investissement et le resserrement des conditions monétaires et financières ;
- la période 2011-2017 est caractérisée par un flux plus faible de délocalisations, et moins dépendant de l’évolution du taux d’investissement. Plusieurs facteurs peuvent avoir contribué à cette baisse des délocalisations, dont l’amélioration de la compétitivité-prix (liée notamment aux allègements de charges et à la mise en place du CICE).
Mis à jour le 07/12/2022
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