L’Otan craint que la Russie ne mène une opération clandestine, sous faux drapeau, incluant éventuellement des armes chimiques en Ukraine. C’est ce qu’a déclaré mardi le secrétaire général de l’organisation transatlantique, Jens Stoltenberg. Il a mis en garde la Russie contre toute tentative d’utiliser de telles armes. L’Otan a en outre renforcé ses défenses sur son flanc oriental avec des systèmes anti-missiles Patriot en Pologne et en Slovaquie.
Ce type d’opération sous faux drapeau vise à rejeter la responsabilité d’un incident auto-infligé sur un adversaire. Cet incident peut être utilisé comme un prétexte pour intervenir soi-même.
« La longue liste de mensonges de la Russie »
« Depuis des mois, nous avons démasqué la longue liste de mensonges de la Russie », a souligné Jens Stoltenberg mardi. « Ils ont prétendu qu’ils n’avaient pas l’intention d’envahir l’Ukraine, mais ils l’ont fait. Ils ont prétendu qu’ils retiraient leurs troupes, mais ils en ont envoyé encore plus. Ils prétendent protéger les civils, mais ils les tuent », a dénoncé le Norvégien.
Moscou a accusé Washington et Kiev de diriger des laboratoires en Ukraine pour le développement d’armes biologiques. Ce que nient les Etats-Unis et l’Ukraine. Depuis lors, l’Occident craint que la Russie ne cherche un prétexte pour utiliser elle-même de telles armes dans la guerre.
La Russie pourrait créer un prétexte pour utiliser une arme chimique
« La Russie lance des accusations absurdes sur des laboratoires biologiques et des armes chimiques en Ukraine. C’est un mensonge de plus. Mais nous sommes préoccupés par le fait que Moscou pourrait organiser une opération clandestine, sous faux drapeau, incluant éventuellement des armes chimiques », a indiqué le secrétaire général de l’Otan au cours d’une conférence de presse avant une réunion extraordinaire mercredi des ministres de la Défense de l’Alliance à Bruxelles. Des partenaires tels que l’Union européenne, la Finlande, la Suède, la Géorgie et l’Ukraine y seront également présents.
« Utiliser des armes chimiques serait une violation du traité sur l’interdiction des armes chimiques dont la Russie est signataire », a averti Jens Stoltenberg. « La Russie a déjà utilisé par le passé des agents chimiques contre des opposants politiques », a-t-il rappelé.
« Créer un prétexte pour utiliser une arme chimique est inacceptable. Le prix serait très élevé, mais je ne veux pas spéculer sur la réponse militaire de l’Otan », a-t-il insisté.
Biden sera à Bruxelles la semaine prochaine
Jens Stoltenberg n’a pas souhaité confirmer l’organisation d’un sommet extraordinaire de l’Alliance la semaine prochaine à Bruxelles à l’occasion d’un déplacement du président américain Joe Biden en Europe. « Nous sommes en mesure d’organiser un sommet à brève échéance », a-t-il toutefois souligné.
« Un sommet de l’Otan est probable la semaine prochaine dans le contexte de la visite de Joe Biden à Bruxelles à l’occasion du sommet de l’UE » du 24 et 25 mars, a confié à l’AFP un responsable européen.
L’Alliance a par ailleurs renforcé ses défenses sur son flanc oriental avec l’activation pour la première fois de sa force de réaction rapide, et le déploiement des systèmes anti-missiles Patriot par les Etats-Unis en Pologne et par l’Allemagne et les Pays-Bas en Slovaquie, a rappelé Jens Stoltenberg.
« Plusieurs centaines de milliers de militaires sont en état d’alerte et plus de 100.000 militaires américains sont présents en Europe », a-t-il précisé.
« C’est la réponse immédiate » de l’Alliance à la menace russe avec la guerre en Ukraine, a-t-il expliqué. « Les ministres de la Défense vont devoir mercredi prendre des décisions pour des mesures concrètes à plus long terme, comme l’envoi de renforts significatifs, le pré-positionnement de matériels, le déploiement de systèmes de défense aérienne et cyber », a-t-il indiqué.
« Les commandements militaires de l’Alliance devraient recevoir mandat pour préparer des options pour le sommet de l’Otan les 29 et 30 juin à Madrid », a-t-il précisé.
« Mais renforcer les défenses signifie augmenter les dépenses militaires », a-t-il averti. Tous les membres de l’Alliance se sont engagés à consacrer 2 % de leur PIB à des dépenses militaires pour 2024. En 2021, le « club des 2 % » comptait 10 membres, dont 8 pays de l’UE.