Ce lundi matin, le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR) a convié la presse en dernière minute. Officiellement, le ministre wallon du budget propose aux journalistes de « faire le point sur le travail de ces dernières semaines ».
« Je suis profondément libéral et je tiens à certaines valeurs qui font mon ADN. L’épisode de novembre-décembre a témoigné qu’on ne parlait plus du fond », a expliqué Jean-Luc Crucke en début de conférence de presse. « Ce lundi 3 janvier, j’ai remis ma démission à mon président de parti. J’ai pris ma décision seul, sans aucune pression extérieure. »
«Un échec»
Pour rappel, c’est le vote du décret pour « un impôt plus juste », préparé par Jean-Luc Crucke, qui a entraîné début décembre le gouvernement wallon et le MR dans une crise interne.
Jean-Luc Crucke, qui voulait faire adopter son décret prévu par l’accord de majorité PS-MR-Ecolo, avait été lâché par les parlementaires de son propre parti qui pointaient la fragilité juridique du texte et estimaient qu’il s’attaquait trop à la classe moyenne.
« Un échec », avait reconnu Jean-Luc Crucke qui avait ajouté, dépité, « qu’il saurait en tirer les conséquences le moment venu ».
Les députés MR « frondeurs » avaient été soutenus par leur président, Georges-Louis Bouchez. « Il faut arrêter de considérer que les parlementaires sont les presse-boutons de textes qui proviennent du gouvernement », avait souligné Georges-Louis Bouchez, les qualifiant même d’« irréprochables dans ce dossier ».
Une crise qui avait fait éclater au grand jour les mauvaises relations entre le président du MR et le ministre wallon des Finances.
Mais après cinq jours de remue-ménage et de contacts, le projet de décret était finalement revenu sur la table du parlement, où il avait été approuvé, y compris par les parlementaires libéraux frondeurs « au nom de la stabilité du gouvernement ».
«Faire le ménage»
En coulisses, un scénario revenait depuis plusieurs semaines. Celui d’une nomination de Jean-Luc Crucke a la Cour constitutionnelle. Ce mois-ci, le Mouvement réformateur doit désigner son représentant dans cette haute juridiction. Et Georges-Louis Bouchez voulait y envoyer un ténor hennuyer. Une manière pour le président d’éloigner deux élus « encombrants », tant d’un point de vue personnel que local.
« Georges-Louis veut faire le ménage en Hainaut, il ne veut ni de Crucke, ni de Marghem, ni de Denis Ducarme sur la liste fédérale pour le Hainaut, donc il manœuvre en ce sens », nous confiait ainsi une source bien informée.
Un scénario qui s’est confirmé. « Il était important pour le Mouvement réformateur d’avoir un candidat de qualité à la Cour constitutionnelle », a expliqué Georges-Louis Bouchez.