Mercredi dernier, Alger avait décidé de « revoir » ses relations avec Rabat, accusé d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord de l’Algérie.
Le ministre des affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a annoncé, mardi 24 août, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc voisin, en raison d’« actions hostiles » du royaume chérifien à l’égard de l’Algérie.
« L’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc à partir d’aujourd’hui », a déclaré le ministre algérien lors d’une conférence de presse. M. Lamamra a justifié cette décision en affirmant que « l’histoire avait montré que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles allant à l’encontre de l’Algérie ».
Le ministre algérien a, en outre, fait porter « aux dirigeants du royaume la responsabilité des crises répétées, qui se sont aggravées », un comportement qui « entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région » du Maghreb.
Mercredi 17 août, le Haut Conseil de sécurité, dirigé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait décidé de « revoir » les relations avec le Maroc, accusé d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord de l’Algérie.
« Les actes hostiles et incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l’intensification des contrôles sécuritaires aux frontières ouest », avait affirmé la présidence algérienne dans un communiqué.
Incendies d’origine « criminelle »
Selon le président Tebboune, la plupart de ces incendie étaient d’origine « criminelle » – sans que ne soit présentée jusqu’à présent la moindre preuve. L’enquête a permis de « découvrir qu’un réseau criminel classé comme organisation terroriste » est derrière les incendies, « de l’aveu de ses membres arrêtés », selon la Direction générale de la sûreté nationale.
Au-delà des pertes humaines et matérielles – et des carences des pouvoirs publics mises en lumière lors de ces incendies –, les Algériens ont été profondément choqués par le lynchage et l’immolation d’un homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie, région berbérophone du nord-est du pays ravagée par les feux. Soixante et un suspects ont été arrêtés depuis le meurtre de Djamel Bensmaïl, le 11 août. Les dirigeants algériens ont accusé le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste, d’être responsable des incendies et de la mort ignominieuse du jeune homme.
« Le Haut Conseil de sécurité a décidé (…) d’intensifier les efforts des services de sécurité pour l’arrestation du reste des individus impliqués dans les deux crimes, ainsi que tous les membres des deux mouvements terroristes qui menacent la sécurité publique et l’unité nationale, jusqu’à leur éradication totale, notamment le MAK, qui reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères, en tête desquelles le Maroc et l’entité sioniste [Israël] », selon la présidence algérienne. Certains des suspects arrêtés ont confessé appartenir à ce mouvement, selon des aveux filmés et diffusés par les télévisions algériennes.