En politique, le « momentum » est décisif. Il nous fait comprendre la nécessité d’aller dans le sens de l’histoire. C’est pourquoi, nous nous posons la question du devenir du Sahara occidental balloté au gré des ans, des conflits, des accords diplomatiques entre l’Algérie, l’Espagne, la Mauritanie et le Maroc, et ce au détriment de la population locale en droit de prétendre à une vie digne, en paix et porteuse d’avenir.
Nous estimons que le processus de ce différend a besoin d’un nouveau souffle afin de mettre fin à des actions de déstabilisation dans la région sahélo-saharienne particulièrement stratégique et dangereuse. L’avenir de l’Europe dépend de la stabilité en Afrique et plus particulièrement de cette région, considérée par d’aucuns comme la frontière du sud de l’Europe. L’administration Biden, bien consciente des enjeux, ne parait pas vouloir remettre en cause la marocanité du Sahara.
Les efforts diplomatiques aussi louables soient-ils ne permettent pas de débloquer ce conflit gelé opposant le Royaume chérifien aux indépendantistes sahraouis, soutenus par l’Algérie.
La tenue d’un referendum d’autodétermination par l’ONU semble abandonnée et n’est plus abordée dans les textes onusiens. La proclamation de la République Arabe Sahraouie Démocratique par le Front Polisario en 1976, soutenue par une Algérie en perte de vitesse, n’a pas eu l’écho espéré. En d’autres termes, le soutien aux indépendantistes que ce soit en Europe, dans le monde arabe ou en Afrique s’affaiblit. Cette affirmation s’est largement confirmée lors de la Conférence Ministérielle de Soutien à l’Initiative d’Autonomie sous la Souveraineté du Maroc qui s’est tenue le 15 janvier dernier sous les auspices du Royaume chérifien et des États-Unis. À cette occasion, les participants se sont engagés « à plaider en faveur d’une solution se basant uniquement sur l’Initiative marocaine d’Autonomie ».
Ce qui nous fait dire que nous nous acheminons lentement mais surement vers la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et ce pour des raisons géographique, politique et géostratégique.
Il est grand temps pour l’Union européenne, en tant qu’acteur global de se positionner sur l’échiquier mondial en favorisant la résolution du conflit car si l’Afrique est concernée au premier chef, l’Europe et le Moyen-Orient lui emboitent le pas. Nous le savons, « la sécurité en Afrique est une condition de la sécurité européenne ». Le Sahel et le Maghreb sont des régions vitales pour la pérennité et la sécurité de notre continent.
Le Maroc, partenaire privilégié de l’UE, pays dynamique et tourné vers l’avenir, pourrait être l’acteur régional clé pour créer les conditions d’une solution politique réaliste, sûre, durable et efficace pour le Sahara occidental. Depuis son retour au sein de l’UA, la diplomatie marocaine est particulièrement active, accueillant nombre de ministres africains en visites officielles. Son influence sur le continent se mesure au nombre de consulats ouverts (20 États membres des NU actuellement) depuis 2019 dans les villes de Dakhla et de Laäyoune.
Nous ne pouvons que constater le développement économique de cette région, tirant parti de ses ressources, du système éducatif et de financements marocains ainsi que des investissements étrangers. Ce développement économique prospère va de pair avec une gouvernance locale basée sur le respect des lois. Il va s’en dire que cette gestion préfigure ce que l’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine pourrait offrir à l’ensemble de cette région. Elle serait source d’une nouvelle ère de paix et de prospérité pour toute la sous-région, porteuse d’opportunités pour la jeunesse du continent africain.
Il nous appartient d’unir nos efforts pour parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable sous l’égide des Nations unies. L’Initiative marocaine d’Autonomie est une fenêtre d’opportunité qu’il faut saisir en tant que base « sérieuse et crédible » pour arriver à une solution négociée. Un prolongement indéfini de statut quo actuel, dans une zone stratégique dont la stabilité est étroitement liée à celle du continent africain, voire du bassin méditerranéen, n’est pas viable, comme le prouve la récente rupture du cessez-le-feu par le Polisario fin de l’année passée. Il est temps de mettre un terme à cette question laissée ouverte depuis plus de quarante ans, au détriment de toute une région.
Louis Michel, Ministre d’État,
Jacques Brotchi, Président honoraire du Sénat de Belgique