05/11/2020
Finies les pintes entre amis au pub: l’Angleterre se reconfine jeudi pour un mois dans l’espoir de ralentir la deuxième vague de nouveau coronavirus qui déferle sur le pays.
La mesure annoncée samedi par le Premier ministre Boris Johnson a été votée par les députés mercredi à une large majorité, malgré l’opposition de 32 parlementaires de son camp conservateur, qui dénoncent les conséquences sur l’économie du pays, déjà affaiblie par la pandémie.
Pour apaiser les inquiétudes, Boris Johnson a promis que ce deuxième confinement se terminerait le 2 décembre.
« J’espère vivement que nous pourrons alors remettre ce pays de nouveau en marche, rouvrir les entreprises, les magasins à l’approche de Noël« , a déclaré le Premier ministre à la Chambre des Communes, chambre basse du Parlement. « Mais pour cela, il faut que chacun d’entre nous y mette du sien pour faire baisser le (taux de reproduction du virus) R. Je ne doute pas que nous pouvons le faire« .
Prolongation ?
L’un de ses ministres avait cependant soulevé dimanche l’hypothèse d’une prolongation si les contaminations restaient élevées.
Après avoir résisté pendant des semaines à un confinement général, Boris Johnson s’est finalement plié à cette option, le virus se répandant plus rapidement que dans les pires scénarios envisagés par ses conseillers scientifiques, faisant craindre que les hôpitaux soient rapidement débordés.
Le Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec près de 48.000 morts de personnes testées positives au virus, et plus d’un million de cas recensés, s’était confiné entièrement fin mars dernier, lors de la première vague du virus.
Écoles ouvertes
Si les restrictions annoncées en Angleterre sont similaires à ce premier confinement, les écoles et universités resteront cette fois-ci ouvertes.
Les cafés, pubs et restaurants et commerces non essentiels devront en revanche fermer sauf s’ils proposent de la vente à emporter.
Les habitants sont priés de travailler de chez eux et ne doivent quitter leur domicile que pour des raisons précises comme faire de l’exercice, se rendre à un rendez-vous médical ou faire des courses alimentaires.
Voyager à l’intérieur du pays ou à l’étranger est interdit, à quelques exceptions près.
Ce reconfinement est spécifique à l’Angleterre, qui compte 56 millions d’habitants. L’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord décident de leur propre stratégie pour lutter contre le virus.
Après ce mois de confinement national, Boris Johnson espère revenir à une approche locale, avec des restrictions imposées à chaque région selon le taux d’incidence du virus.
Soutien financier
Pour amortir les effets sur l’économie, il a annoncé un prolongement du mécanisme de chômage partiel mis en place au printemps et qui était censé expirer fin octobre.
Le ministre des Finances Rishi Sunak détaillera les mesures de soutien financier à la chambre des Communes jeudi après-midi. La Banque d’Angleterre devrait aussi renforcer ses efforts de soutien à l’économie britannique, sans toucher à son taux directeur.
Ce reconfinement alarme commerçants et chefs d’entreprises. Pour la fédération britannique des commerçants, le BRC (British Retail Consortium), c’est « un cauchemar » à l’approche de Noël, période habituellement faste.
« On va payer ça pendant des années. Cette fermeture nous coûtera des milliers (de livres) supplémentaires, sur des milliers déjà engagés« , a déploré Joe Curran, propriétaire du pub The Queen’s Head, dans le quartier de Soho, à Londres, interviewé par l’AFP.
« Lenteur »
Le chef de l’opposition, Keir Starmer, qui plaidait depuis des semaines pour un confinement court pour bloquer la progression du virus, a dénoncé la « lenteur » de réaction de Boris Johnson et l’a appelé à « réparer le système de dépistage et de traçage« .
Tout en reconnaissant des défaillances dans ce système, Boris Johnson a souligné mercredi que le gouvernement avait atteint son objectif de 500.000 dépistages quotidiens fin octobre.
Le dirigeant compte sur les progrès du dépistage du Covid-19 pour accompagner un futur déconfinement. Un essai de dépistage massif débutera vendredi à Liverpool (nord de l’Angleterre), l’une des villes les plus touchées par le virus, où les quelque 500.000 habitants pourront être régulièrement dépistés, qu’ils présentent ou non des symptômes. S’il est concluant, ce dépistage massif pourrait être déployé ailleurs dans le pays.
Source AFP