Le président français a exhorté les autorités à « répondre aux aspirations » des Libanais lors d’une visioconférence internationale de soutien au pays.
09/08/2020.
Mise à jour le 11/08/2020 à 09h50
Le monde est au chevet du Liban, cinq jours après les explosions ont qui ont ravagé la capitale du pays, Beyrouth . Lors de la visioconférence organisée dimanche 9 août par l’ONU et la France pour synchroniser l’aide internationale pour le pays, 252,7 millions d’euros ont été mis sur la table, des aides immédiates ou mobilisables à brève échéance. L’Union européenne a promis ainsi 60 millions d’euros pour les « besoins les plus pressants ». Les pays du Golfe ont aussi mis la main à la poche, à l’instar du Qatar qui a sorti de on portefeuille 50 millions d’euros.
La France (dont la contribution s’élève à 30 millions d’euros) va envoyer plus de 18 tonnes d’aide médicale et près de 700 tonnes d’aide alimentaire. Le navire porte-hélicoptères Tonnerre, équipé d’un hôpital et avec à son bord 200 tonnes de farine et de produits laitiers et infantiles, a ainsi appareillé dans la soirée de Toulon (sud).
« Efficacité et transparence »
« Dans cette période horrible, le Liban n’est pas seul », ont assuré la trentaine de chefs d’Etat qui ont participé à cette visioconférence. Il faut « agir vite », a exhorté le président français Emmanuel Macron, avant de laisser la parole à son homologue américain Donald Trump, à l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, aux Premiers ministres italien Giuseppe Conte et espagnol Pedro Sanchez et aux responsables de grandes organisations internationales (FMI, Banque mondiale, Croix-Rouge, etc.).
« Les participants ont convenu que leur assistance devrait (…) être bien coordonnée, sous l’égide des Nations unies, et fournie directement à la population libanaise, avec le maximum d’efficacité et de transparence », est-il écrit dans la déclaration diffusée à l’issue de la réunion. Ils expriment ainsi leur défiance vis-à-vis d’une classe politique libanaise honnie par la population, qui dénonce sa corruption et son incurie alors que le Liban est déjà dans une situation économique critique.
En ouvrant la conférence, Emmanuel Macron a mis en garde contre la « violence et le chaos », tout en exhortant les autorités libanaises à « agir pour que le pays ne sombre pas et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime en ce moment même légitimement ». Donald Trump a également appelé au calme, reconnaissant la « légitimité des appels des manifestants pacifiques à la transparence ». Le président français a montré du doigt des « puissances » qui ont « un intérêt à cette division et au chaos », dans une référence apparente à l’Iran, et insisté sur la nécessité d' »unité » de la communauté internationale. Il a ainsi dit s’attendre à ce que la Turquie et la Russie apportent leur soutien, de même qu’Israël, qui « a manifesté son souhait d’apporter une aide ».
Pour une enquête « complète et transparente »
Après la catastrophe, l’aide d’urgence internationale se fixe sur quatre priorités : la santé, l’alimentation des Libanais (qui passait en grande partie par le port de Beyrouth), la réhabilitation des écoles touchées et celle des logements ravagés. Viendra ensuite le temps de la reconstruction des infrastructures qui sera liée, tout comme l’aide internationale de 11,6 milliards de dollars promise en 2018 – et non versée à ce jour -, à la mise en oeuvre de profondes réformes, pour l’instant restées lettre morte malgré les engagements récurrents des autorités libanaises. « Ces réformes permettront de débloquer des milliards de dollars pour le peuple libanais. Il est temps pour les dirigeants libanais d’agir avec détermination », a déclaré la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.Comme la plupart de ses homologues, Donald Trump a exhorté le gouvernement libanais à effectuer une enquête « complète et transparente » sur les causes de l’explosion à Beyrouth. Pour cela, les pays ayant participé à la réunion ont proposé une « offre d’assistance » en vue d' »une enquête impartiale, crédible et indépendante », selon la déclaration. Une cinquantaine de policiers et de gendarmes français ont été dépêchés sur les lieux et « coopèrent parfaitement avec les services libanais compétents », selon Paris. Le président libanais Michel Aoun avait exclu vendredi toute enquête internationale et affirmé que l’explosion pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile. La France en revanche a estimé qu’il y avait « suffisamment d’éléments objectifs pour penser que l’explosion est accidentelle ».
Source AFP