21/08/2020
La crise du Covid-19 pourrait entraîner 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté à travers le monde, plus encore que précédemment estimé, a alerté jeudi le président de la Banque mondiale David Malpass, dans un entretien à l’AFP.
L’institution estime que 70 à 100 millions de personnes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté, et «ce nombre pourrait augmenter» si la pandémie s’aggrave ou dure, a-t-il dit. Une précédente estimation faisait état de 60 millions de personnes. Cela rend «impératif», pour les créanciers, de réduire la dette des pays pauvres, a déclaré David Malpass, allant ainsi plus loin que les appels à prolonger le moratoire sur la dette des pays les plus pauvres.
Pour autant, les pays concernés seront plus nombreux à devoir restructurer leur dette. «Les vulnérabilités liées aux dettes sont élevées, et il est impératif (pour les pays endettés) de voir la lumière au bout du tunnel afin que de nouveaux investisseurs puissent venir», a ajouté le président de la Banque mondiale.
76 pays concernés
Les pays du G20 ont décidé en avril de suspendre jusqu’à la fin 2020 les remboursements de la dette des pays les plus pauvres. Des ONG mais aussi la Banque mondiale appellent à prolonger jusqu’en 2021 ce moratoire, qui concerne 76 pays. Les pays du G20 se prononceront d’ici octobre, date de leur prochaine réunion.
Mais cela ne sera pas suffisant, estime David Malpass, car le ralentissement économique signifie que ces pays, qui peinent déjà à offrir un filet de sécurité sociale à leurs citoyens, auront du mal à honorer ces paiements.
Le montant de la réduction de cette dette doit dépendre de la situation de chaque pays, a-t-il souligné. L’institution a déployé 160 milliards de dollars d’aide d’urgence à une centaine d’Etats.
Moins d’1,90$ par jour
En 2015, estimation la plus récente donnée sur le site de la Banque mondiale, quelque 734 millions d’habitants vivaient déjà dans l’extrême pauvreté, soit environ 10% de la population mondiale.
Mais l’extrême pauvreté, c’est-à-dire vivre avec moins de 1,90 dollar par jour, continue d’augmenter depuis le début de la pandémie.
Cette détérioration est due à la combinaison des destructions d’emplois pendant la pandémie ainsi qu’à des difficultés approvisionnement, qui complique l’accès à la nourriture. «Tout cela contribue à jeter les gens dans une extrême pauvreté», tant que la crise persistera, a averti David Malpass.
Source AFP