21/05/2020. Mise à jour le 23/05 /2020 à 06h03
Lufthansa a confirmé que des «discussions avancées» étaient en cours avec le gouvernement allemand au sujet d’un paquet d’aides de 9 milliards €. La compagnie aérienne allemande s’est exprimée en ce sens après que la chancelière allemande Angela Merkel a admis qu’un accord était proche.
Lufthansa assure que le plan n’est pas encore finalisé, mais confirme qu’il s’agit bien d’un paquet de 9 milliards € maximum, dont trois milliards sous forme de prêts par la banque publique de développement KfW.
Le fonds de stabilité économique du gouvernement fédéral (WSF), créé pour amortir les répercussions de la pandémie de coronavirus, prendrait une participation à hauteur de 20% dans le groupe aéronautique, auxquels s’ajouteraient 5% plus une action sous forme d’obligations convertibles.
La convertibilité pourrait être exercée «en cas d’offre publique d’achat par un tiers», ce qui donnerait au gouvernement une minorité de blocage pour la faire échouer. Le gouvernement allemand pourrait de la sorte bénéficier de deux sièges au conseil d’administration de la compagnie aérienne.
Vers la fin de longues discussions?
Si le projet allait à terme, il permettrait de clore des semaines de controverse entre les conservateurs (CDU) de la chancelière Angela Merkel et ses partenaires de coalition sociaux-démocrates (SPD).
Au sein du parti de Mme Merkel, nombre d’élus ont plaidé pour ne pas s’impliquer autant dans une entreprise entièrement privatisée en 1997, tandis qu’à gauche, beaucoup voyaient là une occasion de pousser la grande compagnie aérienne allemande à préserver l’emploi et être ambitieuse dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ces derniers devraient être satisfaits de la perspective de la nomination par le gouvernement de membres du conseil de surveillance, ainsi que de provisions sur les dividendes futurs ou le salaire des dirigeants.
Une assemblée générale bientôt prévue
Lufthansa a précisé qu’elle convoquerait une assemblée générale extraordinaire, pour approuver un sauvetage qui va diluer la part de ses actionnaires actuels. La Commission européenne doit aussi donner son accord.
La compagnie, qui emploie près de 140.000 personnes dans le monde, traverse une grave crise, avec environ 700 de ses 760 appareils cloués au sol, et plus de 60% de ses salariés au chômage partiel. En avril, elle a transporté moins de 3.000 passagers par jour, contre 350.000 avant la pandémie.
Sa capitalisation boursière a chuté à quelque 4 milliards €, la rendant vulnérable à une acquisition. Et selon son directeur général Carsten Spohr, le groupe (qui comprend également Austrian Airlines, Brussels Airlines, Eurowings et Swiss) connaît une hémorragie d’ »environ un million d’euros de liquidités par heure. Jour et nuit. Semaine après semaine».
Une aide nécessaire
D’après lui, la compagnie emploie 10.000 personnes de trop, et risque le dépôt de bilan sans injection d’argent frais. Les sociaux-démocrates du SPD demandaient une minorité de blocage d’emblée. «L’État n’est pas l’idiot de service qui se borne à verser l’argent et n’a ensuite plus voix au chapitre», disait récemment un responsable SPD, Carsten Schneider, au quotidien Die Welt.
Par ailleurs, la filiale autrichienne de Lufthansa, Austrian Airlines, a indiqué mercredi avoir trouvé un accord avec son personnel navigant sur des réductions de salaire et une réduction du temps de travail, susceptible de permettre une reprise des vols en juin, selon l’agence APA.
Source Métro