17 avr 2020
La Belgique a maintenant le taux de mortalité le plus élevé de COVID-19 dans l’Union européenne, mais les responsables insistent sur le fait que c’est parce qu’ils ont été totalement transparents avec les données.
Avec plus de 11,5 millions d’habitants, la Belgique compte plus de 4 800 décès et une moyenne d’environ 419 pour un million d’habitants, devant l’Espagne avec 409 pour un million, le deuxième plus élevé de l’UE.
Les voisins de la Belgique, la Grande-Bretagne et la France, ont respectivement des moyennes de 202 et 274 pour un million, avec un total de décès signalés de l’ordre de 14 000 et 18 000 pour des populations six fois plus importantes.
Le Premier ministre belge Sophie Wilmes a dû expliquer pourquoi c’était le cas mercredi, et a déclaré que le gouvernement « avait fait le choix d’une transparence totale lors de la communication des décès liés au COVID-19 », même si cela a abouti à « des chiffres parfois surestimés ».
La plupart des décomptes officiels ne reflètent probablement qu’une fraction du nombre réel d’infections, car de nombreux pays ne testent que les cas les plus graves.
Contrairement à certains pays, la Belgique prend pleinement en compte la situation dramatique des maisons de retraite.
Dans plus de 1 500 établissements du pays, les chiffres incluent les décès qui sont considérés comme liés au coronavirus même s’il n’a pas été prouvé par des tests, un choix qui n’a pas été pris par beaucoup d’autres.
« En Europe, aucun pays ne compte comme les autres. Nous avons la méthode la plus détaillée », a déclaré la ministre de la Santé Maggie De Block à la chaîne de télévision LN24.
Elle a déclaré que le ministère pourrait à l’avenir adopter une méthode de comptage qui permettrait à la Belgique de comparer ses résultats avec d’autres pays, mais n’a fourni aucun détail.
– «Tragédie humaine sociale et éthique» –
Certains médecins se sont plaints que les décès causés par l’hypertension, le diabète, les pathologies cardiovasculaires et d’autres causes ont été regroupés dans la catégorie COVID-19, mais Emmanuel Andre, porte-parole des autorités sanitaires nationales, a insisté sur le fait que la large méthode belge de comptage « est nécessaire ».
Le spécialiste du virus a expliqué que « la pratique acceptée est de prendre en compte les cas suspects » lors du suivi de la propagation d’une épidémie.
Les décès dus à COVID-19 qui ont été confirmés par un test positif ne représentaient jusqu’à présent que cinq pour cent environ de ceux déclarés par les maisons de retraite, mais Andre a déclaré qu’une augmentation des tests dans ces établissements ferait grimper le taux beaucoup plus dans les prochains jours.
Cela permettrait également aux autorités de mieux mesurer l’étendue de la propagation du COVID-19, a-t-il ajouté.
Le sociologue Geoffrey Pleyers a déclaré qu’une « tragédie humaine sociale et éthique » s’était déroulée « invisible, derrière les murs » des maisons de retraite alors que les responsables belges se concentraient sur la capacité des hôpitaux à faire face à la pandémie.
« Quelle proportion de décès aurait pu être évitée si les gens avaient été hospitalisés » pour d’autres pathologies, a demandé Pleyers dans un commentaire publié par le journal Le Soir.
Le gouvernement prévoit de multiplier par 10 le nombre de tests de coronavirus fournis aux maisons de retraite.
Mais l’objectif de 210 000 kits « ne suffit pas pour tester tout le monde », a expliqué Vincent Fredericq, secrétaire général de Femarbel, première fédération du secteur en Belgique francophone.
Il a dit qu’il s’occupait de 160 000 résidents à travers le pays et employait 110 000 personnes qui étaient également des vecteurs potentiels du virus.
« Dans la région bruxelloise, 95% du personnel utilise les transports en commun, que ce soit le métro, les tramways ou les bus, qui sont malheureusement de bons endroits pour être contaminés », a noté Fredericq.
Source AFP