Les démocrates du Congrès américain rendent mardi le rapport de l’enquête en destitution visant Donald Trump, étape clé de la procédure qui divise profondément les Américains.
« Nous avons un sentiment d’urgence », a confié Adam Schiff, parlementaire démocrate qui a dirigé les investigations pendant deux mois afin de nourrir une éventuelle mise en accusation, « impeachment » en anglais, du président américain.
D’abord dans le secret du huis clos puis devant les caméras de télévision, une quinzaine de témoins ont mis au jour la pression exercée par Donald Trump sur l’Ukraine pour obtenir une enquête sur un rival politique, Joe Biden, et les démocrates.
« Cela menace l’intégrité de la prochaine élection » présidentielle américaine de novembre 2020, a poursuivi M. Schiff, chef de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, sur MSNBC lundi soir. Et « nous disposons déjà de preuves accablantes démontrant les méfaits du président », a-t-il affirmé.
Majoritaires à la Chambre, les démocrates accusent ouvertement le président américain d’avoir abusé de ses pouvoirs dans cette affaire et de s’être rendu coupable de « corruption » en faisant pression sur Kiev pour son bénéfice personnel, puis de tout faire désormais pour entraver l’enquête du Congrès et la justice.
En visite à Londres, Donald Trump a jugé mardi qu’Adam Schiff était « un homme complètement malade ». « Et il ment », a accusé lors d’une conférence de presse le président américain qui ne cesse de dénoncer une « mascarade ».
– Destitution peu probable –
Les démocrates n’avaient pas précisé mardi si leur rapport comprendrait des recommandations de chefs précis d’accusation contre Donald Trump ou se contenterait d’exposer les faits.
Dans les deux cas, les membres de la commission du Renseignement voteront à partir de 18H00 (23H00 GMT) pour approuver la transmission de ce rapport à la commission judiciaire, marquant une nouvelle étape décisive dans cette procédure explosive.
Egalement dominée par les démocrates, la commission judiciaire devra déterminer si les faits reprochés à Donald Trump entrent dans le cadre de l’un des possibles motifs de destitution cités dans la Constitution des Etats-Unis: des actes de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ».
Le cas échéant, elle sera chargée de rédiger les chefs d’accusation à l’encontre de M. Trump, qui seront soumis à un vote en séance plénière à la Chambre, peut-être avant Noël.
La commission démarrera ses travaux mercredi matin avec l’audition de quatre spécialistes en droit constitutionnel.
Elle avait invité Donald Trump à y « participer », soit en personne soit par l’entremise de ses avocats ou en posant des questions écrites aux témoins.
La Maison Blanche a répondu dimanche soir qu’elle n’y serait pas mais n’a pas écarté la possibilité de prendre part à la suite, si la procédure devenait « équitable ». Les démocrates lui ont donné jusqu’à vendredi pour se décider.
La première audition servira, avec les avis d’experts, à exposer « les fondements constitutionnels pour la mise en accusation d’un président », d’après les démocrates.
Si ce cadre peut paraître moins propice aux témoignages poignants qui ont parfois animé la première phase publique de l’enquête, les élus républicains pourraient livrer une bataille spectaculaire et médiatique contre ce qu’ils, comme Donald Trump, perçoivent comme une « farce » montée par les démocrates.
Dans leur propre rapport d’enquête, publié lundi soir, ils ont blanchi le président: « Les éléments présentés ne prouvent aucune des accusations des démocrates ».
Comme leurs élus, les Américains sont profondément divisés par la possible mise en accusation de Donald Trump, avec 49% qui la soutiennent et 44% qui y sont opposés, selon une moyenne des sondages établie par RealClearPolitics.
Forts de leur confortable majorité à la Chambre, les démocrates devraient approuver « l’impeachment » de Donald Trump sans difficultés, si la mise en accusation est bien soumise à un vote.
Le milliardaire entrerait alors dans les livres d’histoire comme le troisième président américain mis en accusation.
Mais il est peu probable que Donald Trump soit ensuite destitué au Sénat. Chargée de juger le président, la chambre haute est en effet contrôlée par les républicains qui font bloc autour de leur président.
Source AFP