Le pape François s’adressera samedi aux autorités de Madagascar -l’un des pays les plus pauvres de la planète, secoué par des crises politiques à répétition- avant d’aller à la rencontre d’une population impatiente de l’écouter.
Arrivé la veille au soir du Mozambique, autre nation de grande misère économique, « le pape des pauvres » ira rejoindre au moins 12.000 jeunes scouts catholiques malgaches samedi soir pour une veillée de prière dans un champ aménagé pour l’occasion.
Tafika Fanomezana, 39 ans, coordinateur des volontaires aux fouloirs bleus qui aideront à assurer la sécurité du pape, espère « un grand changement de société après le passage du pape, surtout une réduction du chômage des jeunes ». Plus de la moitié des jeunes ne trouvent aucun emploi, même lorsqu’ils sont bardés de diplômes.
A Madagascar, cinquième plus grande île du monde (587.000 km2) et 25 millions d’habitants, neuf personnes sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour.
L’instabilité du pays n’a pas favorisé son développement économique, essentiellement basé sur l’agriculture, avec notamment l’exportation de la vanille et du cacao.
Plutôt libéral, le président Andry Rajoelina, qui s’entretiendra en tête à tête avec le pape samedi matin, vient de revenir au pouvoir l’an dernier lors d’élections en promettant emplois et logements à la population. Après un précédent mandat entre 2009 et 2014, occupé sans scrutin.
– 800.000 pèlerins attendus à une messe –
L’un des temps forts de la visite du pape argentin sera une grande messe dimanche où sont attendues 800.000 personnes, déjà en train d’affluer vers la capitale, Antananarivo, parée de panneaux géants à l’effigie du pape.
Des fidèles de tout le pays, hébergés sous des tentes dans les cours des paroisses de la capitale, convergeront dimanche matin à pied vers un immense champ de 60 hectares aménagé dans d’anciennes vignes, baptisé « Soamandrakizay » (un bien pour l’éternité).
Prospère Ralitason, un agriculteur de 70 ans, a fait le déplacement avec 5.000 pèlerins d’Ambatondrazaka (centre est, à 200 km de la capitale). « On est fatigués, mais ça vaut la peine de faire tous ces sacrifices pour voir le pape de nos propres yeux et recevoir sa bénédiction », a-t-il confié à l’AFP.
Sous sa tente, le grand-père attend avec impatience l’ultime étape dimanche de deux heures de marche à pied pour aller écouter l’homélie du pape.
« On a dépensé 65.000 ariary (16 euros) et apporté 3 kilos de riz pour faire le voyage à Antananarivo », raconte un autre fidèle du groupe, Jean-Claude Rabemanatrika, 40 ans, également agriculteur. « Nous sommes cinq à la maison, on n’a pas assez d’argent alors on a dû choisir: juste un membre de la famille pour le voyage. »
« On a mis à la disposition de nos 5.000 invités, des toilettes, des douches, une infirmerie et une place pour cuisinier », précise fièrement Marino Andriamasy, 35 ans, l’un des responsables du site d’hébergement provisoire.
L’initiative sur trois jours est particulièrement précieuse « pour tous ceux qui n’ont pas de famille à Antananarivo », explique le curé de l’église, père Alain Michel Ratovoson.
La dernière visite d’un pape, Jean-Paul II, remonte à trente ans.
« J’étais lieutenant lorsque j’assurais la sécurité de Jean-Paul II en 1989, aujourd’hui je suis général de division et c’est moi qui supervise la sécurisation de la visite du pape François à Madagascar », affirme Samuel Rakotomalala.
Il a prévu dimanche un dispositif de 700 policiers et gendarmes pour sécuriser le site muni de 200 caméras de surveillance, qui seront aidés par les 12.000 jeunes scouts catholiques participant à la veillée de samedi.
En juin, au moins seize personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées devant un stade de la capitale malgache, dans une bousculade survenues lors d’un concert gratuit.
L’année précédente, un mouvement de foule lors d’un match de football pour la qualification à la coupe d’Afrique des nations (CAN), a fait un mort et 41 blessés.
Source AFP