Le Pakistan a annoncé mercredi qu’il expulsait l’ambassadeur indien à Islamabad et suspendait le commerce bilatéral avec l’Inde, deux jours après la révocation par New Delhi de l’autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire qu’elle contrôle.
« Nous allons rappeler notre ambassadeur à Delhi et renvoyer le leur », a affirmé le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi à la télévision pakistanaise ARY news.
Le gouvernement a également annoncé qu’il abaissait le niveau des relations diplomatiques avec l’Inde et suspendait le commerce bilatéral. Cette deuxième mesure est avant tout symbolique, les échanges étant limités entre les deux voisins.
Ces décisions ont été annoncées après une nouvelle réunion du comité de sécurité nationale, à laquelle ont participé les principaux ministres et généraux pakistanais.
Le gouvernement indien a annoncé lundi la révocation de l’autonomie constitutionnelle du Cachemire, une décision explosive qui vise à placer sous une tutelle plus directe de New Delhi cette région rebelle revendiquée par le Pakistan.
L’Etat du Jammu-et-Cachemire (Nord) bénéficiait jusqu’alors d’un statut spécial garanti par la Constitution indienne. Il permettait à cette région de légiférer sur tous les sujets à l’exception de la défense, des Affaires étrangères et des communications.
« Le gouvernement indien n’a pas consulté ou informé le gouvernement américain avant de révoquer le statut constitutionnel spécial du Jammu-et-Cachemire », a précisé sur Twitter l’Américaine Alice Wells, secrétaire d’État adjointe par intérim pour l’Asie du Sud.
Plus tôt cette semaine, les États-Unis ont appelé à la paix et au respect des droits au Cachemire.
La semaine dernière, le président américain Donald Trump avait affirmé, lors d’une réunion à Washington avec le Premier ministre pakistanais Imran Khan, que le Premier ministre indien Narendra Modi lui avait demandé de servir de médiateur dans le conflit au Cachemire.
L’Inde a nié ces affirmations avec véhémence, répétant que la question du Cachemire devait être réglée de manière bilatérale.
Le Pakistan, qui revendique le Jammu-et-Cachemire depuis la partition avec l’Inde en 1947, au terme de la colonisation britannique, a qualifié lundi la décision de New Delhi d' »illégale ».
Imran Khan a annoncé mardi qu’il porterait la question devant les instances internationales.
La décision pourrait exacerber la rébellion sanglante au Cachemire indien, qui a coûté la vie à plus de 70.000 personnes, principalement des civils, depuis 1989.
En prévision de possibles troubles, les autorités indiennes avaient déployé ces dix derniers jours plus de 80.000 paramilitaires supplémentaires dans cette zone déjà hautement militarisée.
La région himalayenne est sous une chape de plomb depuis dimanche soir et totalement coupée du monde, tous les moyens de communication étant bloqués.
Source AFP