Le président Emmanuel Macron a cherché dimanche à mettre en valeur la coopération militaire européenne lors du défilé annuel du 14 juillet, en France, à une période de tensions croissantes entre l’Europe et les États-Unis.
Les principaux dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, ont rejoint Macron à Paris pour assister au défilé sur les Champs-Elysées qui commémore le 14 juillet 1789, la prise de la forteresse de la Bastille à Paris pendant la Révolution française.
Quelque 4 300 membres des forces armées, y compris des régiments d’autres armées européennes, ont défilé dans les célèbres pavés de l’avenue, dans une tradition qui remonte à la suite de la Première Guerre mondiale.
Des chiens de l’armée décorés de médailles, des membres de la célèbre légion étrangère française et de la cavalerie à cheval vêtus d’uniformes scintillants brandissant des sabres de cérémonie ont tous défilé devant les invités de haut rang.
Pendant ce temps, l’inventeur et entrepreneur français Franky Zapata a dévoilé son flyboard futuriste, planant au-dessus des Champs-Élysées et des leaders assemblés.
« L’armée est en train de se transformer: elle se modernise pour nos soldats, notre souveraineté et notre indépendance », a déclaré Macron à France 2 dans une brève allocution.
Dans une voiture de commandement à toit ouvert aux côtés du général François Lecointre, chef d’état-major français, M. Macron a été surpris par des quolibets de la part de partisans du mouvement « gilet jaune » qui organisent des manifestations hebdomadaires contre le gouvernement depuis l’automne dernier.
Jerome Rodrigues et Maxime Nicolle, deux membres éminents du mouvement, ont été arrêtés par la police, ont indiqué des sources à l’AFP.
– « L’Europe n’a jamais été aussi importante » –
Le renforcement de la coopération européenne en matière de défense a été l’un des principaux objectifs de la politique étrangère de Macron, et le président ne montre aucun signe de faiblesse, en dépit des turbulences politiques croissantes en Allemagne et de la sortie imminente de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.
Lors du défilé de 2017, l’invité d’honneur de Macron était le président Donald Trump, nouvellement élu, alors que le jeune dirigeant français cherchait à prendre l’initiative de nouer des liens avec son homologue américain.
Mais depuis lors, les liens entre Trump et Macron ont terni le retrait américain de l’accord de Paris sur le climat et de l’accord sur le nucléaire iranien, ainsi que la nouvelle loi française prévoyant une taxe sur les géants du numérique, principalement des entreprises américaines.
« Le président Trump a été un excellent ambassadeur pour une Europe de la défense », a déclaré dimanche au journal parisien Florence Parly, ministre des Forces armées, évoquant « des questions, même à peine voilées, des menaces qu’il a faites à l’Europe ou à la durabilité de l’engagement américain ».
Macron, qui a poussé l’idée de l’Initiative d’intervention européenne (EI2) à entreprendre des missions en dehors des structures existantes telles que l’OTAN, a insisté sur l’importance de la coopération européenne en matière de défense.
« Jamais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi importante », a déclaré Macron, qui, après son arrivée au pouvoir en 2017, s’était disputé de manière controversée de la traditionnelle interview télévisée du président du 14 juillet, dans une déclaration écrite.
Merkel a déclaré aux journalistes après l’événement que le défilé était un « grand geste pour une politique de défense européenne » et que l’Allemagne était « honorée » d’avoir participé.
Les forces des neuf pays participant à l’initiative aux côtés de la France – y compris la Grande-Bretagne et l’Allemagne – étaient représentées à la parade.
Signe de l’ambition de la France de devenir une puissance militaire moderne de premier plan sous Macron, le président a annoncé samedi la création d’un commandement de la force spatiale nationale qui fera éventuellement partie de l’aviation.
– Les yeux sur Merkel –
Un avion de transport allemand A400M et un C130 espagnol ont participé aux survols, ainsi que deux hélicoptères britanniques Chinook.
Les Chinook sont un symbole majeur de la coopération franco-britannique en matière de défense alors que le Brexit se profile, la Grande-Bretagne déployant trois des avions et 100 personnes pour les opérations françaises dans la région africaine du Sahel.
La Première ministre britannique sortante, Theresa May, était attendue, mais la Grande-Bretagne était plutôt représentée par le ministre David Lidington, a déclaré l’Elysée.
Des membres de la brigade franco-allemande (BFA), forte de 5 000 hommes et créée en 1989 pour symboliser l’unité de l’après-guerre entre la France et l’Allemagne, ont également célébré leur 30e anniversaire cette année.
Merkel, qui lutte pour maintenir sa grande coalition à la maison, a de nouveau été surveillée de près après avoir connu trois épisodes de tremblement au cours d’événements officiels ces dernières semaines.
Mais elle ne semblait souffrir d’aucun problème et quitta la tribune avec Macron pour saluer les anciens combattants blessés
Source AFP