Le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé vendredi à un cessez-le-feu en Libye, le bilan d’une offensive de trois mois à Tripoli s’élevant à 1 000, y compris un grand nombre de personnes tuées lors d’une frappe aérienne dans un centre de détention pour migrants.
Le conseil a condamné l’attaque de mardi contre le camp de détention de Tajoura, à l’est de Tripoli, et « a souligné la nécessité pour toutes les parties de désamorcer de toute urgence la situation et de s’engager en faveur d’un cessez-le-feu », a indiqué un communiqué conjoint.
Le commandant libyen Khalifa Haftar, dont les forces contrôlent l’est de la Libye et une grande partie du sud du pays, a lancé une offensive début avril pour maîtriser la capitale contre les forces fidèles au gouvernement d’accord national reconnu par les Nations Unies.
Depuis, les frappes aériennes et les combats au sol ont fait près de 1 000 morts et près de 5 000 blessés, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé, une organisation onusienne.
Les combats ont forcé plus de 100 000 personnes à fuir leur domicile et menacent de plonger la Libye dans un conflit plus profond.
Parmi les morts figurent 53 migrants tués mardi soir lors d’un raid aérien sur un centre de détention situé dans la banlieue de Tripjour à Tajoura, détenu par la GNA, qui a accusé les forces de Haftar d’avoir mené la grève.
Un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations basé à Genève a déclaré que six enfants figuraient parmi les migrants tués.
Joel Millman a déclaré que 350 migrants, dont 20 femmes et quatre enfants, étaient toujours détenus au centre, l’un des cinq hangars aériens touchés lors du raid.
Les puissances mondiales ont été divisées sur la manière de réagir à l’offensive de Haftar. Les États-Unis et la Russie ont refusé de condamner l’homme fort libyen.
La déclaration du conseil britannique a condamné l’attaque contre le camp de migrants, appelé à la reprise des discussions politiques et au respect total de l’embargo sur les armes imposé à la Libye.
Elle a fait suite à une réunion du conseil à huis clos mercredi au cours de laquelle des diplomates américains ont déclaré avoir besoin de plus de temps pour consulter Washington sur le texte proposé.
Les Nations Unies ont appelé à une enquête indépendante afin de déterminer le responsable de la grève dans le centre, qui abritait environ 600 migrants, principalement originaires de pays africains.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui soutient le GNA, a appelé à la fin des « attaques illégales » par les forces de Haftar lors d’une réunion avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj à Istanbul, a annoncé la présidence turque.
– Coordonnées partagées de l’ONU –
Les agences des Nations Unies et les groupes humanitaires ont à maintes reprises exprimé leur préoccupation devant le sort tragique de milliers de migrants et de réfugiés détenus dans des centres de détention situés à proximité des zones de combat de la capitale.
Le secrétaire général Antonio Guterres a exprimé son indignation face à l’attaque et a déclaré que les Nations Unies avaient communiqué les coordonnées du centre de détention aux parties belligérantes afin de protéger les civils.
Le carnage à Tajoura était « une tragédie qui n’aurait jamais dû se produire », a déclaré Charlie Yaxley, porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés.
La Libye est devenue un vecteur important pour les migrants cherchant à atteindre l’Europe et reste la proie de nombreuses milices en lice pour le contrôle de la richesse pétrolière du pays.
Des groupes de défense des droits de l’homme affirment que les migrants sont victimes d’abus horribles en Libye et que leur sort s’est aggravé depuis que Haftar a lancé l’offensive contre Tripoli.
Selon l’ONU, quelque 5 700 réfugiés et migrants sont actuellement détenus dans des centres de détention en Libye, dont 3 300 risquent de se battre à Tripoli et dans les environs.
– Avion abattu –
Au début du mois d’avril, lors d’une première attaque éclair, l’Armée nationale libyenne autoproclamée de Haftar s’est dirigée vers la capitale. Mais ils se sont depuis enlisés dans sa banlieue sud, où les lignes de front sont gelées depuis des mois.
Les forces de la GNA ont lancé une contre-attaque surprise à la fin du mois dernier, s’emparant de la ville stratégique de Gharyan, principale base d’approvisionnement de l’offensive de Haftar.
Après le revers, les forces de Haftar ont menacé d’intensifier les frappes contre leurs rivaux.
Les deux parties ont lancé des raids aériens quotidiens tout au long des combats et chacune a perdu plusieurs avions.
Les camps rivaux sont restés convaincus qu’avec l’aide de leurs commanditaires, ils peuvent gagner la bataille.
Le GNA reçoit le soutien de la Turquie et du Qatar, et Haftar est soutenu par les Émirats arabes unis, l’Égypte et, selon des experts, dans une certaine mesure par les États-Unis.
Source AFP