Les nations africaines vont officiellement signer un accord commercial historique lors du sommet de l’Union africaine au Niger dimanche, cet accord tant attendu étant salué comme une étape historique vers « la paix et la prospérité » sur tout le continent.
L’accord, qui devrait, selon les dirigeants africains, créer la plus grande zone de libre-échange au monde, a été dynamisé par les applaudissements enthousiastes du président nigérian et du président béninois dimanche lors du sommet de deux jours à Niamey, la capitale du Niger.
Après 17 années de négociations difficiles, l’UA devrait lancer la « phase opérationnelle » de la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) plus tard dans la journée dans ce que le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, aurait qualifié de « moment historique ».
« Un vieux rêve se réalise, les pères fondateurs doivent être fiers », a déclaré Faki, ajoutant que l’AfCFTA créerait « la plus grande zone commerciale du monde ».
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, l’a qualifiée de « plus grand événement historique du continent africain depuis la création de l’Organisation de l’unité africaine en 1963 », faisant référence au prédécesseur de l’UA.
Avec la signature du Nigéria et du Bénin, 54 des 55 pays membres de l’UA ont maintenant signé l’accord, l’Erythrée étant le seul responsable.
Quelque 4 500 délégués et invités – dont 32 chefs d’État et plus de 100 ministres – ont assisté au sommet de l’UA à Niamey, qui a été réaménagé et qui dispose d’un nouvel aéroport, de routes améliorées et de nouveaux hôtels.
– ‘Ouvrir l’Afrique vers le haut’ –
L’accord a été officialisé à la fin du mois d’avril lorsqu’il a franchi le seuil de lancement, qui devait être ratifié par au moins 22 pays.
L’accord a été renforcé lorsque le Nigéria, le pays le plus peuplé et le plus important pays d’Afrique, a annoncé cette semaine qu’il se joindrait au pacte aux côtés du Bénin après s’être retiré de manière inattendue de l’accord de l’année dernière.
L’ambassadeur Chiedu Osakwe, négociateur en chef du Nigéria, a déclaré que le président Muhammadu Buhari signerait l’accord historique, « ouvrant ainsi l’Afrique à de nombreuses opportunités ».
« Nous n’avons pas été entraînés dans cette affaire, nous sommes un avocat de premier plan », a déclaré Osakwe à l’AFP. « Mais il s’agit d’évaluer comment le faire fonctionner pour le Nigeria et même pour le continent. »
Les ministres du Commerce des États ont convenu que la zone devrait être opérationnelle à partir de juillet 2020, a déclaré à l’AFP le commissaire au Commerce et à l’Industrie de l’UA, Albert Muchanga, les pays ayant besoin de temps pour s’adapter aux changements convenus.
Une date officielle de début devrait être convenue par les chefs d’Etat dimanche.
Cependant, il reste encore des problèmes clés à résoudre, tels que la définition de critères communs pour déterminer les règles d’origine des produits commercialisés.
Amaka Anku, analyste du groupe Eurasia pour l’Afrique, a qualifié cet accord de « pas positif », tout en précisant que la mise en œuvre de l’Accord de libre échange (AfCFTA) était encore « loin de partir ».
L’UA estime que cet accord entraînera une augmentation de 60% du commerce intra-africain d’ici 2022.
À l’heure actuelle, les pays africains n’échangent que 16% environ de leurs biens et services, contre 65% avec les pays européens.
– La sécurité sur le continent –
La sécurité est également à l’ordre du jour du sommet, un problème qui touche plus particulièrement le Sahel.
L’hôte du Sommet, le Niger, fait face à des attaques constantes de groupes djihadistes.
Ses collègues membres du pacte de sécurité entre le G5 et le Sahel – Tchad, Mali, Burkina Faso et Mauritanie – chercheront un appui lors du sommet de l’UA pour faire pression en faveur du renforcement de la force de sécurité des Nations Unies face à la menace terroriste.
Les pays espèrent activer le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a déclaré à l’AFP une source de sécurité nigérienne. Ce chapitre permet au Conseil de sécurité des Nations Unies de déterminer une menace à la paix et de proposer des mesures, y compris un déploiement militaire, pour y faire face.
« Aucune prospérité, aucune intégration n’est possible sans paix », a déclaré Faki, qui a souligné l’importance d’un Fonds de la paix de l’UA lancé en 2018 pour financer les activités de sécurité et a appelé les États membres à tenir leurs promesses financières.
Jusqu’ici, seuls 116 millions de dollars ont été reçus pour le fonds envisagé de 400 millions de dollars.
Niamey était sous haute surveillance, avec des installations au sommet soumises à des contrôles d’accès stricts et à une forte présence de sécurité.
« Nous avons une unité spéciale de plusieurs milliers d’hommes » en poste, a déclaré le ministre de la Défense nationale, Mohamed Bazoum.
Les dirigeants devaient également discuter de l’intensification de la coopération en matière de renseignement et de la crise migratoire mondiale.
Source AFP