Le pape François a fait l’apologie de la diversité devant des dizaines de milliers de pèlerins catholiques de langue hongroise samedi, lors d’une messe géante célébrée en Transylvanie, au coeur d’une Roumanie orthodoxe et multiethnique.
Originaires de la région mais aussi de la Hongrie voisine, près de 100.000 personnes, selon le Vatican, ont bravé la pluie qui avait fait du sanctuaire marial de Sumuleu-Ciuc un vaste champ de boue.
Dans ce territoire du centre ouest du pays qui revendique son identité hongroise, l’homélie de François a salué un pèlerinage qui « appartient à l’héritage de la Transylvanie, mais honore en même temps les traditions religieuses roumaines et hongroises ».
Deuxième étape de la visite papale en Roumanie, ce pèlerinage est « un symbole de dialogue, d’unité et de fraternité », a renchéri François, comparant les participants à un « peuple dont les mille visages, cultures, langues et traditions sont la richesse ».
« Pour nous, les fidèles, c’est extraordinaire d’avoir le pape parmi nous », a confié à l’AFP l’un des pèlerins, Iosif Orban, au milieu d’une foule aux vêtements de pluie multicolores, sur fond de forêt dans la brume.
Pour Katalin, 38 ans, originaire d’Oradea (ouest), le pape « soutient la solidarité » et elle est « d’accord avec les principes qu’il prêche car il veut l’unité au sein de l’Eglise et la paix ».
La Transylvanie, où vivent l’essentiel des 1,2 million de Hongrois de souche (soit 6,5% des 20 millions de Roumains), fut rattachée à la Roumanie il y a près d’un siècle, après le démantèlement de l’empire des Habsbourg qui suivit la Première guerre mondiale et amputa la Hongrie des deux tiers de son territoire.
Une certaine défiance reste de mise entre cette communauté et l’Etat central roumain, dans un pays où la religion orthodoxe est largement majoritaire.
– conserver ses « racines » –
« Personne ne pense à faire sécession (…) mais d’un autre côté nous voudrions que les droits de la minorité hongroise soient plus respectés », explique Olah Zoltan, professeur à la faculté de théologie de Cluj (ouest).
Parmi les visiteurs de marque samedi, le président hongrois Janos Ader, venu « en simple pèlerin », un représentant du gouvernement hongrois de Viktor Orban ainsi que la Première ministre roumaine Viorica Dancila.
Vendredi, dès le début de son périple en Roumanie, le pape avait apporté son soutien aux différentes minorités ethniques ou religieuses du pays, appelant de ses voeux une « société qui se soucie du sort des plus désavantagés ».
François a poursuivi son périple samedi en se rendant à Iasi (nord-est), foyer de la plus importante communauté de catholiques de langue roumaine du pays.
Dans la cathédrale Sainte-Marie-Reine, il a béni et serré les mains de nombreux fidèles, dont des personnes âgées et des malades.
Devant plus de 100.000 personnes rassemblées sur l’esplanade du Palais de culture, il a exhorté les jeunes à ne pas oublier « leurs racines » : »Nous nous appartenons les uns aux autres (…), la vie de chacun est amarrée à la vie des autres ».
Le pape avait auparavant écouté les paroles d’un étudiant en informatique, Eduard, emblématique de toute une génération de Roumains confrontés aux difficultés de bâtir leur avenir dans ce pays, l’un des plus pauvres d’Europe: « Je souhaite m’affirmer dans ma patrie sans avoir à chercher ma réalisation dans d’autres coins de la terre », avait expliqué le jeune homme.
Cinq jours après un scrutin européen marqué par une montée des mouvements nationalistes à travers le continent, François avait rendu hommage vendredi aux « sacrifices » des millions de Roumains « qui, par leur culture, leurs valeurs et leur travail, enrichissent les pays où ils ont émigré ».
Au dernier jour de sa visite, dimanche, le pape béatifiera sept évêques catholiques de rite oriental (uniates) arrêtés, torturés et morts à l’isolement pendant la période communiste, où cette Eglise était interdite.
Ayant placé la démarche oecuménique au coeur de son pontificat, François affiche aussi sa volonté de se rapprocher du monde orthodoxe.
Il achèvera ce voyage en Roumanie, son 30ème déplacement l’étranger, par une rencontre avec des familles de la communauté rom, qui souffre de discriminations diverses au travail, à l’école et dans l’administration.
Source AFP