ACTUALITEBroyée par le Brexit, Theresa May démissionne

Broyée par le Brexit, Theresa May démissionne

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24 Mai 2019

af782612aacf6bb2b5d98f8aaca2f1c395816238AFP / Tolga AKMENTheresa May le 24 mai 2019 à Londres

Usée par l’interminable saga d’un Brexit qu’elle a échoué à mettre en oeuvre, la Première ministre britannique Theresa May, au bord des larmes, a annoncé vendredi sa démission, renforçant l’hypothèse d’un départ du Royaume-Uni de l’UE sans accord.

« Ce fut l’honneur de ma vie d’être la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre » après Margaret Thatcher, a-t-elle ajouté. Sa voix s’est cassée au moment de terminer sa brève déclaration en proclamant son « amour » pour son pays, la dirigeante masquant l’émotion qui la submergeait en faisant volte-face pour se diriger vers ses bureaux.

Usée par l’interminable saga d’un Brexit qu’elle a échoué à mettre en oeuvre, la Première ministre britannique Theresa May, au bord des larmes, a annoncé vendredi sa démission, renforçant l’hypothèse d’un départ du Royaume-Uni de l’UE sans accord.

Mme May a précisé qu’elle démissionnerait de ses fonctions de cheffe du Parti conservateur — et donc de cheffe du gouvernement — le 7 juin, dans une allocution prononcée devant le 10, Downing Street, exprimant « un profond regretde ne pas avoir été capable de mettre en oeuvre le Brexit« .

« Ce fut l’honneur de ma vie d’être la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre » après Margaret Thatcher, a-t-elle ajouté. Sa voix s’est cassée au moment de terminer sa brève déclaration en proclamant son « amour » pour son pays, la dirigeante masquant l’émotion qui la submergeait en faisant volte-face pour se diriger vers ses bureaux.

07ecbb7b2a8c9be4002d216c2176221b128b6b05AFP / Valentina BRESCHILes dates clés de Theresa May depuis le vote des Britanniques pour la sortie de l’UE

Theresa May avait pris la tête de l’exécutif en juillet 2016, le mois suivant le vote de 52% des Britanniques en faveur d’une sortie de l’UE, succédant à David Cameron.

Mais cette fille de pasteur de 62 ans, ancienne ministre de l’Intérieur, n’est pas parvenue à rallier derrière sa vision du Brexit une classe politique profondément divisée sur la question, y compris son propre parti.

En témoigne l’accord de divorce qu’elle a conclu avec Bruxelles, rejeté à trois reprises par les députés britanniques.

6680473bc7903ea0d717426269cf1713dd98a619AFP / OLI SCARFF, Tolga AKMENCombinaison d’images de Theresa May à son arrivée à Downing street, avec son mari Philip, le 13 juillet 2016, et après l’annonce de sa démission le 24 mai 2019.

Elle a « politiquement mal évalué l’humeur de son pays et de son parti », a taclé sur Twitter le sulfureux europhobe Nigel Farage, patron du Parti du Brexit.

Le président américain Donald Trump, qui doit prochainement rencontrer Theresa May lors d’une visite d’Etat au Royaume-Uni du 3 au 5 juin, s’est dit « désolé » pour elle et a même trouvé quelques mots louangeurs inhabituels à son égard, la disant « très solide ».

– « Incapable de gouverner » –

Le mandat de Theresa May, aux allures de chemin de croix tant elle a rencontré d’obstacles, de critiques voire de complots au sein de son propre parti, restera comme l’un des plus courts de l’histoire des Premiers ministres britanniques depuis la Deuxième Guerre mondiale.

13e563700f5e7e3f3e3a6d6c26d4c91982baf8dbAFP/Archives / OLI SCARFFBoris Johnson, photographié le 13 juillet 2016 lors de sa nomination comme ministre des Affaires étrangères, pourrait succéder à Theresa May au poste de Premier ministre

Son successeur sera nommé par le parti conservateur d’ici le 20 juillet, avec pour grand favori l’ex ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, champion des Brexiters.

Son arrivée au pouvoir, ou celle d’un autre partisan d’une coupure nette avec l’UE, rapprocherait le pays d’un Brexit sans accord, synonyme d’un retour des formalités douanières, un scénario redouté par les milieux économiques et par l’Irlande à cause du risque du retour d’une frontière entre le Sud, membre de l’UE, et la province britannique du Nord.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a ainsi relevé que le départ de Mme May ouvrait pour le Brexit « une phase qui pourrait être très dangereuse pour l’Irlande ».

982edad4aecaea47a95a9a15c7e0b7642ef089edAFP / Gillian HANDYSIDEBrexit: Les scénarios possibles

La porte-parole du gouvernement espagnol Isabel Celaa a estimé qu’un « Brexit dur » paraissait désormais « une réalité quasi impossible à arrêter ».

La Commission européenne a souligné que ce départ ne changeait « rien » à la position des 27 sur l’accord de sortie, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte allant jusqu’à affirmer que « l’accord de retrait n’est pas ouvert à la renégociation ».

Mais cette affirmation a été tempérée par la chancelière allemande Angela Merkel, qui a promis d’oeuvrer à un « Brexit ordonné », le président français Emmanuel Macron appelant lui à « une clarification rapide ».

« La façon d’obtenir un bon accord est de se préparer à une situation de non accord », a déclaré pour sa part Boris Johnson lors d’une conférence en Suisse, à Interlaken, selon l’agence Bloomberg.

– En bout de course –

Le rejet de l’accord de divorce par les députés a contraint l’exécutif britannique à repousser au 31 octobre au plus tard le Brexit, alors qu’il était initialement prévu le 29 mars, et à organiser les élections européennes en catastrophe

.Le scrutin, qui s’est tenu jeudi au Royaume-Uni, s’annonce calamiteux pour les tories, qui termineraient à une humiliante cinquième place (7%), 30 points derrière le Parti du Brexit, selon un sondage YouGov.

Mardi, Theresa May avait présenté un plan de la « dernière chance » pour tenter de faire passer sa vision du Brexit. En vain: le texte a suscité un déluge de critiques tant de l’opposition travailliste que des eurosceptiques de son propre parti, entraînant la démission mercredi soir de la ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, dernier clou dans le cercueil de la dirigeante.

Reste que la tâche de détricoter plus de 40 ans de liens avec l’UE n’avait rien de facile, souligne Simon Usherwood, politologue de l’Université de Surrey, interrogé par l’AFP. « Quiconque dans sa position aurait rencontré de grandes difficultés », ajoute-t-il. « L’Histoire ne retiendra pas d’elle une image favorable », juge-t-il malgré tout.

Source AFP

Lahcen Hammouch
Lahcen Hammouchhttps://www.almouwatin.com/
Lahcen Hammouch est journaliste. CEO de Bruxelles Media. Sociologue à l'ULB. Président du Forum de la société civile africaine pour la démocratie.
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