Quinze personnes, dont six enfants, ont été tuées pendant un assaut contre des jihadistes présumés au Sri Lanka dans la nuit de vendredi à samedi, lors duquel des kamikazes se sont fait exploser, selon la police.
Un civil a été tué dans des échanges de coups de feu pendant ce raid nocturne de la police, près de la ville de Kalmunai, dans l’est du Sri Lanka. Une femme et un enfant blessés ont été transportés à l’hôpital.
Kalmunai, peuplée majoritairement de musulmans, est la province d’origine du jihadiste soupçonné d’avoir organisé les attaques suicides qui ont fait 253 morts dimanche dans l’île d’Asie du Sud, ciblant trois hôtels de luxe et trois églises chrétiennes bondées remplies de fidèles célébrant la messe de Pâques.
« Trois autres hommes, que l’on pense être des kamikazes, ont été trouvés morts près de la maison », a dit la police dans un communiqué, précisant qu’ils avaient été tués par les forces de l’ordre.
Des hommes armés ont ouvert le feu sur les forces de l’ordre qui tentaient un assaut la maison sous le couvert de l’obscurité, a déclaré un porte-parole de l’armée, Sumith Atapattu.
La fusillade qui a suivi a duré plus d’une heure, a déclaré un responsable militaire.
Des corps carbonisés et au moins un homme armé tenant un fusil d’assaut ont été vus dans des séquences vidéo diffusées à la télévision d’Etat. Des explosifs, un générateur, un drone et une grande quantité de piles ont été vus à l’intérieur de la maison.
Quelque 600 musulmans ont fui à cause des combats des hébergements voisins, construits pour accueillir les survivants du tsunami de 2004, et se sont réfugiés dans une école, ont indiqué les habitants.
L’opération suivait une information selon laquelle des extrémistes liés aux attentats de Pâques, revendiqués par le groupe Etat islamique, étaient cachés à Kalmunai, à 370 kilomètres de la capitale.
Zahran Hashim, chef du National Thowheeth Jama’ath (NTJ), mouvement jihadiste local accusé par Colombo d’avoir perpétré ces attentats, est originaire de cette province. Zahran Hashim, dont la mort présumée a été annoncée vendredi, a mené l’attaque suicide contre l’hôtel Shangri-La de la capitale avec un second kamikaze.
Dans cette ancienne colonie britannique du sous-continent indien, peuplée de 21 millions d’habitants majoritairement bouddhistes, les tensions restent vives et au moins 74 personnes ont été interpellées depuis dimanche.
« Nous avons maintenant des informations selon lesquelles il y a environ 140 personnes au Sri Lanka liées à l’Etat islamique, nous pouvons et allons toutes les éradiquer très vite », avait lancé vendredi le président Maithripala Sirisena, annonçant qu’une loi allait être votée pour interdire les groupes islamistes.
La police sri-lankaise avait annoncé avoir saisi 150 bâtons de dynamite et un drapeau du groupe EI, lors d’une perquisition à Sammanthurai, ville voisine de Kalmunai. C’est dans ce bâtiment qu’aurait été tournée la vidéo de revendication.
Zahran Hashim apparaissait sur une vidéo publiée par le groupe EI, où on le voyait mener sept hommes dans un serment d’allégeance au chef de l’organisation jihadiste Abou Bakr al-Baghdadi.
Pour des raisons de sécurité, les églises catholiques à travers le pays sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Certaines mosquées ont annulé les prières du vendredi et celles qui les ont tenues ont souvent accueilli une assemblée clairsemée, sous haute sécurité.
– Washington met en garde –
Les autorités sont sur la défensive depuis le massacre alors qu’elles disposaient d’informations préalables très précises. Le chef de la police et le plus haut responsable du ministère de la Défense ont déjà dû démissionner.
Le chef de file des catholiques du Sri Lanka Cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a dit s’être senti « trahi » en apprenant que le gouvernement n’avait pas pris en compte les avertissements.
Une alerte rédigée le 11 avril par le chef de la police, prévenant que le NTJ préparait des attentats, n’a pas été communiquée au Premier ministre et à des ministres de haut rang, sur fond de lutte de pouvoir entre le chef de gouvernement Ranil Wickemesinghe et le président Sirisena, qui est également ministre de l’Intérieur et de la Défense.
A l’instar de plusieurs capitales occidentales, Washington a formellement déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Sri Lanka. « Le gouvernement américain a des capacités limitées d’assistance aux citoyens américains au Sri Lanka » en raison du « terrorisme » dans le pays, a prévenu le département d’Etat dans un communiqué publié vendredi soir.
L’île, prisée pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante, avait connu une année record en 2018 avec 2,33 millions de touristes. Elle s’attend maintenant à une baisse de 30% des arrivées, selon le ministre des Finances sri-lankais Mangala Samaraweera.
Source AFP