Quatrième et dernière partie
Je mets sous les yeux du lecteur la quatrième et dernière partie de mon article intitulé ‘’les défis de l’espace maghrébo-sahélien’’ que j’avais déjà écrit et publié il y a quelques années, mais que je trouve qu’il est toujours d’actualité.
Le Maroc peut-il sauvegarder son intégrité territoriale au nord comme au sud en excluant une grande partie de la population composée de jeunes diplômés ambitieux et souvent bien informés de tout ce qui se passe à travers le monde, du processus de développement. A propos, 600 ingénieurs marocains quittent chaque année le Maroc, sans compter les autres diplômés moyennement et hautement qualifiés dans les autres secteurs, quelle hécatombe !
Face à cette fuite des cerveaux, l’Etat marocain sera-t-il capable ou aura-t-il l’audace et le courage de s’attacher à une autre dynamique de développement axée sur la liberté d’entreprendre qui sera affranchie du contrôle et du blocage bureaucratique, au profit d’un entrepreneuriat fondé essentiellement sur les P.M.E, P.M.I et T.P.E. Les jeunes diplômés qui sont exclus de la foulée des nouvelles politiques de développement dont la croissance profite à quelques féodalités et à des parvenus, savent fort bien qu’il faut réaffirmer le rôle de l’Etat marocain dans ses missions essentielles, notamment en termes de protection sociale.
Pour cette jeunesse formée, informée, dynamique et souvent politisée, les termes de protection sociale ne signifient nullement et aucunement l’encouragement à l’oisiveté, à la dépendance comme c’est souvent le cas aujourd’hui dans les régions récupérées du sud, mais plutôt le soutien et l’incitation à la prise de responsabilité permettant le développement d’une classe moyenne à la tête de P.M.E et P.M.I actives dans les différents secteurs socio-économiques, socle sur lequel repose la sauvegarde de l’intégrité territoriale et la stabilité du pays. D’autant plus que l’Homme du nord comme celui du sud est fier, industrieux, libre, indépendant, autonome, débrouillard… Bref, astucieux, il aime entreprendre en toute liberté lorsque les circonstances le lui permettent en lui accordant la liberté d’agir.
A ce propos, je me permets de suggérer au lecteur de revenir sur mon point de vue intitulé ‘’Agences de développement régional, P.M.E, P.M.I et emploi au Maroc’’, que j’avais publié, d’abord dans le quotidien marocain ‘’L’opinion’’ du vendredi premier février 2008, ensuite dans la revue de presse hebdomadaire ‘’Dounia News’’, et dans lequel je propose des démarches qui favorisent des créations de P.ME, P.M.E et T.P.E (très petites entreprises) aux prix d’investissement modérés.
C’est pourquoi, nous préconisons qu’il faut insister auprès des peuples de l’espace maghrébo-sahélo-saharien en particulier et de l’Afrique en général sur l’importance du rôle stratégique joué par les P.M.E, P.M.I et T.P.E (très petites entreprises) dans la croissance économique inclusive, le développement industriel et la création d’emploi aux prix d’investissements modérés. Les P.M.I, P.M.E et les T.P.E favorisent l’auto-emploi, le développement d’une classe moyenne qui est nécessaire non seulement à la production et à la répartition équitable des richesses, mais aussi à la mise sur pied d’un socle sur lequel repose un système social équilibré, stable, durable…
Par ailleurs, nous tenons à rappeler que l’Europe qui se trouve à peine à 8 Km à vol d’oiseau du richissime continent africain dont les populations sont pauvres, que sans un espace maghrébo-sahélo-saharien économiquement intégré et stable, l’U.E et l’Afrique ne connaitront pas la quiétude qu’ils espèrent apprécier un jour, et auront toujours du mal à faire face au rôle qui devrait leur être échu sur la scène internationale par rapport à l’hégémonisme des anciennes puissances et autres nouvelles puissances émergentes …
Notons que dans un contexte géopolitique et géostratégique planétaire plus que délicat et en mutations perpétuelles, le sort du monde entier va dépendre des deux conflits : algéro-marocain et sahélo-saharien à l’ouest d’un côté, israélo-palestinien de l’autre, à l’est du bassin méditerranéen. Et ce n’est pas la première fois d’ailleurs que les intérêts de l’occident en général et de l’Europe en particulier dans la Méditerranée sont agités dans les pays arabo-sahéliens. Cette région maghrébo-sahélo-saharienne où les matières premières stratégiques abondent, met en communication trois continents et trois mers. C’est pour cela qu’elle a été à des époques différentes, la scène où se sont déroulés des événements politiques et religieux qui ont renversé le cours de destinées de l’univers.
En résumé, nous osons supposer qu’avec la fin de ces conflits, plus particulièrement le conflit algéro-marocain qui concerne les peuples qui cohabitent ensemble depuis des millénaires au sein de ce vaste et riche espace maghrébo-sahélo-saharien, peuvent se concerter et s’associer pour le rénover, en procédant à l’exploitation commune de ses richesses, de son développement durable et de sa valorisation multisectorielle : le transport, l’éducation, l’agriculture, l’énergie, l’eau, la santé publique, la construction, la lutte pour l’environnement contre la déforestation, etc.
Ainsi donc, il va de l’intérêt et de l’avenir de l’Europe et de l’Afrique de focaliser leurs efforts sur les conflits algéro-marocain et sahélo-sahariens afin de convaincre les protagonistes de mettre fin à leurs désaccords qui portent sur les frontières que le colonialisme leur a léguées. L’U.E et l’Afrique doivent absolument tout mettre en œuvre pour inciter le Maroc et l’Algérie à entamer enfin le processus d’autonomie de la région du sud du Maroc. Pour le moment, seule l’autonomie permettra d’engendrer une dynamique d’intégration régionale en matière de coexistence, de prospérité et de sécurité pour tous les peuples de cette région renaissante et soumise aux fortes pressions des défis que nous avons mentionnés précédemment. L’U.E n’est-elle pas située à peine à 8 km à vol d’oiseau du Maghreb (le détroit de Gibraltar).
Saïd CHATAR