Le financement des groupes terroristes par des citoyens ou des organismes saoudiens ne date pas d’hier. Déjà, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, des doigts accusateurs avaient été pointés sur ce pays. Aujourd’hui, l’Union européenne a décidé de le rajouter à la liste noire des pays qui financement le terrorisme, sur fond de réserves émises par l’Allemagne, la France et la Grande Bretagne.
Selon le le Financial Times, la Commission européenne a décidé d’ajouter l’Arabie Saoudite et le Panama à la liste noire des pays qui font preuve de laxisme dans la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Trois pays européens (Allemagne, France et Grande-Bretagne) ont émis des réticences sur cette décision, précise l’influent quotidien économique britannique.
La liste, qui comporte désormais 16 pays, devrait en englober 20 à terme. Le non-respect des critères du Groupe d’action financière (GAFI) est le principal facteur aggravant pour intégrer un pays dans cette liste. Après l’adoption de nouvelles règles en 2017 par la Commission chargée de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, Bruxelles a lancé un projet de mise à jour de la liste des pays constituant une menace pour l’Europe. La branche francophone du média russe RT, RT France, estime qu’ «à l’instar de l’Afghanistan ou encore de l’Iran, le royaume saoudien (fait les frais) de ses contrôles jugés trop laxistes dans le domaine de la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent ». Si Riyad n’a pas pour l’instant commenté cette décision, certains de ses partenaires européens sont mis mal à l’aise. C’est le cas notamment de la France qui n’a pas commenté cette décision.
Lutte d’influence entre le Qatar et l’Arabie Saoudite
En 2017, pour se dédouaner, l’Arabie saoudite a essayé de se blanchir en accusant le Qatar de financer le terrorisme et en décrétant un embargo contre lui. A vrai dire, ni Doha, ni Riyadh ne sont blancs comme neige. L’ex-candidate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, dans un câble diplomatique avait déclaré : « Nous devons utiliser notre diplomatie et profiter des atouts de nos services de renseignement pour mettre sous pression les gouvernements du Qatar et de l’Arabie saoudite, qui fournissent un soutien financier et logistique à Daech et à d’autres groupes radicaux dans la région ».
En juin 2016, à Cleveland dans l’Ohio, elle est revenue à la charge en pleine campagne présidentielle en déclarant qu’il « …est plus que temps que les Saoudiens, les Qataris, les Koweïtiens et d’autres empêchent leurs ressortissants de financer des organisations extrémistes ». Derrière cette lutte d’influence, se cache la volonté de l’Arabie Saoudite de diffuser dans le monde le courant rigoriste wahhabite, qui prône un retour aux sources. L’écrivain algérien, Kamel Daoud, pense que « si l’intervention occidentale (ndlr : en Irak) a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions ».
La France, par la voix de son Président, Emmanuel Macron, avait reconnu le rôle du Qatar et de l’Arabie Saoudite en août 2017 dans un entretien avec le magazine Le Point. « Dans mon dialogue avec les Emiriens, les Saoudiens et les Qatariens, j’aborde la question du financement du terrorisme. Le Qatar et l’Arabie saoudite ont financé des groupements qui n’étaient pas les mêmes, mais qui ont de fait contribué au terrorisme », avait déclaré le président français. Depuis, la France semble moins tranchée dans ses opinions, surtout qu’elle est l’un des grands fournisseurs en armes de l’Arabie saoudite. D’ailleurs, la France n’est pas la seule dans ce cas. Plusieurs pays essaient de sauvegarder leurs intérêts avec cette puissance régionale à commencer par les Etats-Unis. Reste à savoir si les Saoudiens vont commencer à revoir leur système de contrôle des flux financiers ou continueront-ils à se montrer laxistes.
Source le1.ma