Félix Tshisekedi de l’UDPS vient de remporter l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Selon les résultats provisoires donnés par la Céni, il s’impose avec 38,5% des voix devant un autre opposant, Martin Fayulu, et le candidat du parti au pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary. Pour le fils de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi, c’est la consécration, mais c’est aussi une victoire dans l’ombre du père.
Difficile de dissocier la carrière de Félix Tshisekedi, celui qu’on surnomme « Fatshi », de celle de son père, Etienne, la principale figure de l’opposition pendant près de quarante ans, lui qui a créé l’UDPS en 1982, s’opposant d’abord au général Mobutu, puis au clan Kabila. C’est de ce parti très structuré, avec des relais dans tout le pays, que Félix a hérité après le décès de son père en février 2017.
Simple secrétaire national de l’UDPS à l’époque, chargé de l’extérieur, à 55 ans, il se retrouve propulsé à la tête du parti, à l’issue d’un congrès de l’UDPS plutôt houleux. Des cadres du parti contestent alors sa légitimité politique, le qualifiant de « fils à papa ». Rappelant qu’il a fait sa vie en Belgique, où il est installé depuis plus de trente ans, plutôt que dans les manifestations de l’opposition au Congo.
L’échec d’une candidature unique de l’opposition
Mais c’est aussi ce lien de sang qui fait sa force, sa popularité, et sur laquelle il construit sa légitimité. N’hésitant pas à porter la casquette exactement comme son père le faisait dans les meetings, promettant aussi comme première mesure d’organiser des funérailles nationales pour son père. C’est aussi du fait de cet héritage que Félix est longtemps pressenti pour être le candidat unique de l’opposition.
Finalement, à l’issue des négociations de Genève en novembre dernier, il perd cette place face à Martin Fayulu. Mais dès le lendemain, il fait dissidence pour maintenir sa candidature. Il scelle alors une alliance inédite avec Vital Kamerhe, qui sera en première ligne tout au long de leur campagne et à qui le poste de Premier ministre a été promis. Il est réputé plus conciliant que son père : depuis des jours, son parti, l’UDPS, se targue de négocier avec le camp de la majorité en vue d’une victoire à la présidentielle.
Kabila, « partenaire politique »
Une victoire aujourd’hui confirmée pour Félix Tshisekedi qui, en 2015, déjà, était engagé dans des négociations avec le pouvoir pour un potentiel poste de ministre. C’est la consécration. Il est désormais président du Congo. Il s’est exprimé peu après sa victoire et a rendu hommage à Joseph Kabila disant qu’il le « considère comme un partenaire politique et non comme ennemi ».
Source RFI