Des milliers de Polonais ont participé lundi soir à des rassemblements contre la violence organisés dans plusieurs villes après la mort du maire de Gdansk, Pawel Adamowicz, poignardé dimanche soir par un homme lors d’un événement caritatif public.
Frappé plusieurs fois avec un couteau par un repris de justice dont les motivations restent peu claires, le maire de Gdansk est décédé lundi en début d’après-midi.
Pawel Adamowicz, qui a dirigé la ville pendant vingt ans, avait subi une blessure grave au cœur, et d’autres au diaphragme et aux organes de la cavité abdominale, selon les médecins. Il avait perdu une « quantité énorme » de sang.
L’attaque s’était déroulée dimanche soir devant quelques centaines de personnes, dont des enfants, sur un podium dressé pour une action caritative nationale de collecte de fonds pour l’achat d’équipements hospitaliers.
L’agresseur, un habitant de Gdansk de 27 ans qui venait de purger une longue peine de prison pour des attaques à main armée, a été mis en examen pour meurtre, a indiqué le parquet.
L’homme, interpellé aussitôt après le crime et dont l’état mental doit être examiné par des psychiatres, n’a pas reconnu les faits. Il risque la réclusion à perpétuité.
Dans la soirée, des milliers de personnes se sont rassemblés en silence dans le centre historique de Gdansk pour rendre hommage à Pawel Adamowicz et protester contre la violence.
« Cher Pawel, je veux te promettre que pour toi, pour nous, nous défenderons notre Gdansk, notre Pologne et notre Europe contre la haine et le mépris. Nous te le prommettons. Adieu Pawel », a déclaré à la foule Donald Tusk, président du Conseil européen, arrivé sur place dans la soirée pour rendre hommage à son ami et ancien allié politique.
« Tu as toujours été là où il fallait montrer un visage bon et courageux et s’opposer au mal », a encore déclaré l’ancien Premier ministre libéral polonais, lui-même originaire de cette ville de la côté baltique.
Des rassemblements semblables ont eu lieu dans plusieurs villes polonaises, dont les plus grands à Varsovie, Cracovie (sud), Poznan (ouest) et Wroclaw (ouest).
– Deuil national –
Le président Andrzej Duda, en rendant hommage à Adamowicz, « un grand homme politique », a annoncé que le jour de ses obsèques, dont la date doit être décidée par la famille, serait proclamé journée de deuil national.
Les habitants de Gdansk interrogés par l’AFP ne cachaient pas leur tristesse à l’annonce de la mort de leur maire, accompagnée du son des cloches de toutes les églises.
« C’est un choc qu’une chose pareille puisse arriver à Gdansk. (…) C’est de la violence, une chose qu’on n’a pas eue en Pologne jusque là », a réagi Maciej Szczepanski, un employé de bureau de 45 ans. « C’est la faute à la situation politique, c’est surtout le parti au pouvoir (le parti conservateur Droit et Justice (PiS), ndlr) qui verse de l’huile sur le feu », mais « on ne peut pas se laisser emporter par la haine ».
« Je suis furieuse et triste à la fois », déplorait Agnieszka Naruszewicz, 35 ans, enseignante dans une petite école. « Il collectait de l’argent pour sauver les vies des enfants, des gens de tout âge et voilà qu’il est mort. Il va nous manquer beaucoup à Gdansk ».
L’agression a provoqué un choc en Pologne, pays qui n’a pratiquement pas connu d’incident violent de ce genre depuis la chute du communisme il y a trente ans, hormis l’assassinat par balle à Lodz en 2010 d’un membre du PiS par un homme jugé responsable de ses actes, qui avait invoqué sa « haine » de ce parti, alors dans l’opposition.
L’agresseur de M. Adamowicz s’en est pris au principal parti d’opposition, la Plateforme civique (PO).
Avant d’être interpellé sur le podium où il a poignardé M. Adamowicz, cet homme a affirmé avoir été jeté en prison alors qu’il était innocent, et « torturé » par la PO. Ce parti avait soutenu la candidature de Pawel Adamowicz aux municipales de l’automne dernier (que ce dernier a remportées haut la main avec plus de 64% des voix). « C’est pourquoi Adamowicz meurt », a lancé l’agresseur.
Source AFP