6 Déc 2018
Un attentat suicide à la voiture piégée contre un poste de commandement de la police a fait deux morts et plusieurs blessés jeudi matin à Chabahar dans le sud-est de l’Iran.
Plusieurs médias iraniens ont fait état de tirs ayant précédé une forte explosion peu avant 10h00 (06h30 GMT) dans cette ville portuaire à une centaine de kilomètres à l’ouest de la frontière pakistanaise, dans la province du Sistan-Baloutchistan, théâtre de violences régulières en lien avec des groupes jihadistes ou séparatistes.
« Cette action terroriste a causé la mort de deux membres de la police », a déclaré sur la télévision d’État Mohammad Hadi Marachi, gouverneur adjoint de la province du Sistan-Baloutchistan chargé des affaires de sécurité.
« Les terroristes ont essayé de forcer le quartier général de la police de Chabahar mais en ont été empêchés par un garde et ils ont alors fait exploser une voiture piégée », a déclaré M. Marachi, sans préciser le nombre d’assaillants.
Selon Rahmdel Baméri, gouverneur de la ville de Chabahar, « l’explosion a été très forte, elle a brisé les vitres de nombreux bâtiments alentours » et fait de « nombreux blessés » : des commerçants, des passants, parmi lesquels des femmes et des enfants.
L’agence Tasnim avance le nombre de 27 blessés.
Des photos diffusées par la même agence montrent des débris de gros blocs qui pourraient correspondre à un mur écroulé, ainsi que les restes du véhicule utilisé par les assaillants, identifié par plusieurs médias comme un van bleu de marque Nissan.
Frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan, la province du Sistan-Baloutchistan, déshéritée, est régulièrement le théâtre d’accrochages meurtriers entre les forces de l’ordre et des séparatistes baloutches ou des groupes jihadistes que Téhéran accuse Islamabad et Ryad de soutenir.
– Soldats enlevés –
La minorité baloutche, de confession sunnite, représenterait environ 2% de la population iranienne à plus de 90% chiite.
De l’autre côté de la frontière, la province pakistanaise du Baloutchistan est également secouée par une insurrection séparatiste et des violences islamistes, qui ont fait des centaines de morts.
Mi-octobre, un groupe de 12 gardes-frontières et membres du Bassidj (mouvement populaire de « volontaires » organisé en milice et chargé de diverses taches de maintien de l’ordre) avait été enlevé dans la zone.
Selon l’agence de presse semi-officielle iranienne Isna, l’enlèvement avait été revendiqué par le groupe jihadiste Jaïsh al-Adl (« Armée de la Justice » en arabe) formé en 2012 par d’anciens membres d’une organisation sunnite extrémiste ayant mené une rébellion sanglante au Sistan-Baloutchistan.
Cinq membres du groupe ont été libérés et sont rentrés en Iran après un peu plus d’un mois de détention. Les autres sont présumés toujours retenus comme otages au Pakistan.
Accusé par les États-Unis d’être l’un des principaux « parrains du terrorisme international », l’Iran, qui s’est engagé en Syrie et en Irak, au côté des autorités de ces deux pays contre le groupe État islamique (EI) et d’autres groupuscules jihadistes clame au contraire être un rempart contre le terrorisme.
Fin septembre, cinq hommes d’un commando armé avaient ouvert le feu sur un défilé militaire à Ahvaz, dans le sud-ouest de l’Iran, tuant 24 personnes avant d’être abattues.
L’attaque a été revendiquée par l’EI et un groupe séparatiste arabe.
L’EI a revendiqué sa première attaque en Iran le 7 juin 2017. Des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué à Téhéran le Parlement et le mausolée du fondateur de la République islamique, l’imam Khomeiny, faisant 17 morts et des dizaines de blessés.
Quelques mois plus tôt, l’organisation avait menacé d’agir en Iran en représailles au soutien militaire et logistique apporté par Téhéran aux autorités en Syrie et en Irak.