Depuis le mercredi 19 décembre, les protestations se poursuivent à Khartoum et dans plusieurs autres villes, où l’état d’urgence a été déclaré. Des villes dans 12 états du Soudan manifestent contre le prix de pain qui a triplé et contre le manque d’essence. Les manifestations ont fait 8 morts selon le régime, 22 selon l’opposition. Ce lundi 24 décembre, un mouvement de grève a débuté dans plusieurs secteurs à Khartoum. À l’instar de certains manifestants, les médecins demandent le départ du régime Omar el-Béchir.
Ce lundi, plusieurs secteurs étaient à l’arrêt à Khartoum. Les universités ont été fermées et les hôpitaux n’ont plus reçu que les cas graves. L’état d’urgence a été déclaré dans plusieurs villes et les réseaux sociaux sont toujours coupés.
Les médecins, les enseignants, les journalistes, les avocats, les architectes et d’autres professionnels membres d’un rassemblement à Khartoum ont commencé ce lundi un mouvement de grève.
Une grève qui sera générale ce mardi, à l’appel de l’opposition. Il est déjà prévu que le « cortège se dirigera vers le palais présidentiel pour exiger la démission immédiate du président Omar el-Béchir et la formation d’un gouvernement transitoire ».
Sadek al Mahdi, qui dirige la coalition de l’opposition soudanaise avait annoncé dès samedi, lors d’une conférence de presse, que le « peuple veut un changement du régime ».
« Vraies réformes »
Selon des spécialistes, ces contestations, les plus importantes en trois décennies du pouvoir d’Omar el-Béchir sont les résultats de « l’échec des politiques gouvernementales et de la mauvaise gestion ».
Lundi soir, le président soudanais a d’ailleurs promis d’entreprendre de « vraies réformes » dans son pays « pour garantir une vie digne aux citoyens » dans sa première réaction au mouvement de contestation sociale déclenché il y a 6 jours.
Libertés et démocratie
Face à la contestation quasi inédite qui dure depuis une semaine, le régime est mis devant un examen décisif qui pourra définir son avenir politique. Un avenir qui, devant l’impasse actuelle, semble lié à l’amélioration économique et aux réformes de l’Etat. Les protestations actuelles font remonter à la surface les problèmes des libertés, de la démocratie, et des droits de l’homme dans le pays.
Car derrière le prix du pain, il y a un ras-le-bol général chez la majorité des soudanais. Déjà en janvier dernier, des protestations contre la cherté de la vie se sont soldées par l’emprisonnement de dizaines de personnes.
Inflation à 70%
Mais les choses ne se sont pas améliorées depuis, bien au contraire : en 2018, les difficultés économiques se sont accrues avec une inflation de près de 70% et une livre soudanaise qui a plongé face au dollar américain.
Pour une majorité de Soudanais, le colonel el-Béchir ne répond plus aux besoins économiques du pays par manque de dynamisme. Au pouvoir depuis 1989, il avait assuré qu’il ne se présenterait pas pour la présidentielle de 2020. Mais son parti, le Congrès national, l’a désigné en octobre dernier comme candidat à cette présidentielle. L’opposition considère que cela fera de lui un président à vie.
Une majorité de citoyens contestent également la politique étrangère changeante du régime soudanais et ils n’approuvent toujours pas la participation de leur pays à la guerre au Yémen
Source RFI