25 Déc 2018
Le pape François, chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde, a appelé lundi soir les fidèles à laisser de côté leur « voracité » consumériste pour réfléchir au sens spirituel de leur vie et au partage avec les plus humbles, dans son homélie de la nuit de Noël.
« L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie », a constaté le pape, devant une dizaine de milliers de fidèles rassemblés comme chaque année dans la majestueuse basilique Saint-Pierre de Rome.
« Une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre », a martelé le pape argentin, infatigable défenseur des pauvres, en appelant les fidèles à « ne pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme ».
« Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie: non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner », a plaidé le pape lors de la messe de la nuit de Noël, qui commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem.
« Est-ce que j’arrive à me passer de tant de garnitures superflues, pour mener une vie plus simple? Demandons-nous: à Noël, est-ce je partage mon pain avec celui qui n’en a pas? », a lancé François, s’exprimant sous le baldaquin dessiné par le Bernin, où seul le souverain pontife est autorisé à célébrer la messe.
Le pape, qui vient de fêter ses 82 ans, adressera son sixième message de Noël « Urbi et orbi » (« à la ville et au monde ») mardi devant les fidèles massés sur la place Saint-Pierre.
A Bethléem, une foule compacte a assisté à la messe de minuit célébrée dans l’église Sainte-Catherine, attenante à la Basilique de la Nativité, construite sur le lieu où selon la tradition chrétienne Jésus est né.
Dans son homélie, l’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarche latin de Jérusalem, a rendu hommage à la ville palestinienne, précisant que la naissance du Christ à Bethléem était « un choix divin ».
« Bethléem, Nazareth, Cana, Capharnaüm, Jérusalem : ce sont des noms chers à nos coeurs puisque ces villes ont été aimées par Jésus », a-t-il dit.
Evoquant une « responsabilité » vis-à-vis de « la ville et la terre que nous habitons », il a ajouté : « il ne s’agit pas de la posséder ou de l’occuper mais de la transformer » pour que puissent y fleurir « l’expérience de communion et de paix ».
Le président palestinien Mahmoud Abbas, son Premier ministre et un représentant du roi de Jordanie ont assisté à la messe.
Plus tôt dans la journée, des scouts palestiniens habillés de bleu, jaune ou beige ont défilé au son des cornemuses et des tambours sur la place de la Mangeoire, située près de la basilique et où se dresse un imposant sapin de Noël.
Nigérians, Français ou Palestiniens, des centaines de fidèles ayant fait le déplacement jusqu’à Bethléem pourront cette année admirer les chatoyantes mosaïques de la basilique de la Nativité qui datent de l’époque des Croisades et qui ont été récemment restaurées.
« C’est une belle opportunité d’être dans un endroit aussi symbolique pour Noël », a estimé Léa Gudel, une étudiante française de 21 ans en échange universitaire à Jérusalem.
– Meilleure saison touristique –
La basilique de la Nativité, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, demeure une destination religieuse et touristique majeure, même si les chrétiens ne sont plus les plus nombreux par rapport aux musulmans à Bethléem et ses alentours en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de cinquante ans.
En 2017, les célébrations de Noël y avaient été assombries par les tensions résultant de la reconnaissance américaine de Jérusalem en tant que capitale d’Israël.
« Cette année c’est beaucoup plus tranquille, bien mieux que l’an dernier », s’est réjouit Abeer Nassr, une Palestinienne chrétienne originaire de Beit Sahour, une localité proche de Bethléem.
– « Respect » –
Après plusieurs années de baisse de fréquentation dues aux retombées du conflit israélo-palestinien, le tourisme enregistre en 2018 sa meilleure saison depuis des années à Bethléem, les hôtels affichant des taux d’occupation particulièrement élevés pour la période de Noël, a indiqué Elias Al-Arja, président de l’Association des hôtels palestiniens.
Ailleurs, la ville de Barcelone, déjà victime d’un attentat en 2017, était en état d’alerte après un avertissement des autorités américaines au sujet d’un risque d’attaque terroriste pour les fêtes de fin d’année.
La reine Elizabeth II profitera de son côté mardi de son traditionnel discours de Noël pour appeler les Britanniques, très divisés sur le Brexit, à faire preuve de « respect » les uns envers les autres, selon des extraits publiés à l’avance.
Aux Etats-Unis, le périmètre où déambulent habituellement les passants autour de l' »arbre de Noël national » près de la Maison Blanche était fermé, en raison de la troisième journée de shutdown, après l’échec des tractations au Congrès sur le financement d’un mur à la frontière mexicaine voulu par Donald Trump.
Source AFP