ACTUALITEDénoncer le prince ou préserver l'alliance avec Ryad: le...

Dénoncer le prince ou préserver l’alliance avec Ryad: le dilemme de Trump

-

Publicité

19 Nov 2018

48f04d98d7007ff020bb66dd98e934ced6b74803AFP/Archives / MANDEL NGANLe président des Etats-Unis Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, à la Maison Blanche le 20 mars 2018.

Suivre les conclusions des services de renseignement au risque de rompre avec un allié majeur, ou épargner le prince héritier saoudien malgré des soupçons manifestes? Donald Trump est confronté à un dilemme au moment de déterminer qui est derrière le meurtre de Jamal Khashoggi.

Le président des Etats-Unis a expliqué qu’il recevrait dans les prochains jours, peut-être dès mardi, un rapport « complet » établissant noir sur blanc « qui » a tué le journaliste saoudien le 2 octobre au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

La plupart des exécutants sont connus, et Washington a imposé la semaine dernière des sanctions financières contre 17 d’entre eux au moment où la justice saoudienne annonçait une série d’inculpations. Reste à répondre à la question la plus délicate sur le plan diplomatique: qui a commandité l’opération?

Selon plusieurs médias américains, dont le Washington Post avec lequel Jamal Khashoggi collaborait, la CIA n’a plus de doutes sur la responsabilité de Mohammed ben Salmane, le puissant prince héritier d’Arabie saoudite.

Mais jusqu’ici, Donald Trump n’a donné aucun signe de vouloir « lâcher » celui qu’on surnomme MBS, considéré comme une pièce maîtresse de l’alliance avec Ryad, stratégique à la fois pour contrer l’Iran chiite, ennemi commun, et pour contenir les prix du pétrole dont le royaume est le premier exportateur.

« Trump n’a que deux options », dit à l’AFP Michele Dunne, du cercle de réflexion Carnegie Endowment for International Peace: « dire publiquement ou en privé que les Etats-Unis ne travailleront plus avec MBS » ou bien « continuer à tenter de préserver » le jeune homme fort du royaume.

Dans les deux cas, les conséquences sont risquées. Rompre avec le fils du roi Salmane mettrait l’alliance en péril. Jusqu’à la rupture? « Pas nécessairement », répond cette spécialiste de la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient, car « l’Arabie saoudite n’est pas MBS et MBS n’est pas l’Arabie saoudite ». Mais cela déclencherait « un processus imprévisible en Arabie saoudite pouvant aller jusqu’à bouleverser l’ordre de succession au sein du royaume », estime-t-elle.

Au contraire, refuser de le blâmer peut « conduire à un long bras de fer avec le Congrès américain » et, si ce dernier prend des mesures par exemple pour stopper les ventes d’armes à Ryad, cela risque tout autant de « détériorer les relations américano-saoudiennes », prévient Michele Dunne.

– Pression du Congrès –

Le camp républicain de Donald Trump est en effet divisé.

Au Congrès, d’influents élus poussent pour des sanctions sévères et certains estiment qu’il ne faut pas épargner Mohammed ben Salmane, déjà mis en cause pour son rôle dans la guerre au Yémen et la crise avec le Qatar, ou pour son ingérence dans la politique libanaise.

« Je pense depuis le premier jour que 15 ou 18 personnes, quel qu’en soit le nombre, ne montent pas dans deux avions, ne vont pas en Turquie et ne démembrent pas un homme qui est un détracteur du prince héritier sans que le prince héritier ne soit au courant et n’ait donné son feu vert », a martelé dimanche sur la chaîne NBC le sénateur Lindsey Graham, proche du président américain, promettant de tout faire pour que les vrais responsables soient sanctionnés.

Face à cette pression du Congrès, le gouvernement a tenté jusqu’ici d’afficher sa fermeté tout en ménageant MBS, avec lequel Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, a noué une relation étroite.

De premiers signes de division semblent toutefois apparaître, avec la démission vendredi de Kirsten Fontenrose, une responsable de la Maison Blanche qui, selon le New York Times, poussait une ligne dure à l’encontre du royaume.

Donald Trump lui-même souffle le chaud et le froid. Un jour il dénonce « une des pires opérations de dissimulation de l’Histoire », un autre il insiste sur l’importance de l’alliance. Et il met l’accent sur les dénégations du prince héritier, quitte à sembler leur donner plus de poids qu’aux conclusions de ses propres agences de renseignement.

Pour Suzanne Maloney, de la Brookings Institution à Washington, l’administration Trump fait face à un questionnement qui va bien au-delà de l’affaire Khashoggi.

Car à force de donner l’impression que « les relations peuvent continuer comme si de rien était », « les Saoudiens ne semblent pas comprendre que ce genre de comportement est nuisible », dit à l’AFP cette chercheuse.

« Aucun président américain ne prendrait à la légère des mesures qui risquent de déstabiliser un partenariat aussi ancien », reconnaît-elle. « Et il ne s’agit pas d’aller leur dire publiquement +votre prince héritier doit partir+ », ajoute-t-elle.

Mais le message doit passer en coulisses pour que l’alliance en sorte renforcée. « C’est ce que ferait une administration vraiment compétente », conclut Suzanne Maloney.

Source AFP

Lahcen Hammouch
Lahcen Hammouchhttps://www.almouwatin.com/
Lahcen Hammouch est journaliste. CEO de Bruxelles Media. Sociologue à l'ULB. Président du Forum de la société civile africaine pour la démocratie.
Publicitéspot_img
Publicité

Dernières nouvelles

Les châteaux de la Loire – Un voyage dans l’histoire de France

Dans cet article, il explore la magie des châteaux de la Loire, véritables témoins du riche passé historique de...

Le Louvre – Plongée dans le plus grand musée du monde

Dans cet article, il explore le fascinant univers du Louvre, cet emblématique musée parisien qui est le plus grand...

Carcassonne, la cité médiévale qui défie le temps

Il est fascinant de découvrir Carcassonne, une cité médiévale qui transporte ceux qui la visitent à une autre époque....

Les arènes de Nîmes – Un héritage romain au cœur de la France

Il est fascinant de découvrir comment les arènes de Nîmes, un majestueux amphithéâtre romain, témoignent de l'âge d'or de...
- Advertisement -spot_img

Saint-Paul-de-Vence – Le refuge artistique des grands peintres

Dans le charmant village de Saint-Paul-de-Vence, il découvre un véritable havre de paix où l'art et l'inspiration se rencontrent....

Les scientologues mènent la défense des droits humains en matière de santé mentale grâce à l’exposition du CCHR aux Pays-Bas

Pays-Bas – 18 février 2025 – La Netherlands Committee for Human Rights Foundation (NCRM), en collaboration avec la Commission...

Must read

Les châteaux de la Loire – Un voyage dans l’histoire de France

Dans cet article, il explore la magie des châteaux...

Le Louvre – Plongée dans le plus grand musée du monde

Dans cet article, il explore le fascinant univers du...
- Advertisement -spot_img

You might also likeRELATED
Recommended to you