BRUXELLES 19:58. Mise à jour a 22h51
Actiris, l’opérateur public bruxellois de placement des demandeurs d’emploi, cherche actuellement à mieux prendre en compte le phénomène des discriminations croisées dont sont victimes de nombreux demandeurs d’emploi et qui aggravent leur difficulté de (re)trouver du travail. L’enjeu est de taille dans une ville-Région dont 73% de la population en âge de travailler est d’origine étrangère, contre 20% en Flandre et 32% en Wallonie. Dans cette catégorie de personnes, le taux d’emploi est plus faible que celui des personnes d’origine belge.
D’après Unia, les cas de discrimination à l’emploi ont augmenté de plus de 13% en 2017. Plus de 27% des discriminations à l’emploi sont liées aux critères raciaux, contre 20,7% à un handicap et 15,7% à l’âge. Mais de tels chiffres, marqueurs de la problématique des discriminations au travail, ne révèlent pas la réalité du croisement de plusieurs dicriminations dont une personne est victime la plupart du temps.
« Dans une des capitales mondiales de la superdiversité, Actiris entend mieux outiller ses 1.500 fournisseurs de solutions dans la prospection de la diversité et de la lutte contre les discriminations », pour reprendre les termes de son directeur-général Gregor Chapelle.
Pour ce faire, il a commandé une étude au Center for Intersectorial Justice (CIJ) dont le rapport technique de près de 90 pages introduit par le ministre de l’Emploi Didier Gosuin, a été présenté jeudi, à l’occasion d’un échange avec des spécialistes de terrain.
L’objectif de ce document est de faire émerger l’existence de groupes significatifs de personnes qui se trouvent à l’intersection de plusieurs facteurs de discrimination, alors qu’actuellement, les statistiques fonctionnent par catégories cloisonnées en fonction de l’appartenance ethnique, du genre, de la catégorie d’âge, …
Pour le moment, des personnes issues de l’immigration de troisième ou quatrième génération disparaissent ainsi des statistiques puisqu’elles ont pour la plupart la nationalité du pays dans lequel elles vivent, mais elles continuent à faire l’objet d’une discrimination. Idem pour les musulmanes portant le voile ou les femmes noires souvent absentes des statistiques.
Le rapport met notamment en exergue qu’il importe de désigner clairement les groupes affectés par la discrimination pour pouvoir traiter le problème, tout le contraire d’une critique largement répandue consistant à éviter le recensement, par exemple, des catégories ethniques et raciales au motif que cela renforcerait les discriminations. Selon la directrice du CIJ, Emilia Roig, c’est le processus de hiérachisation des différences qu’il faut gommer et non les différences elles-mêmes. (INT, POL, JDD, JUG, fr)
Source Belga