18 Oct 2018
Le gouvernement britannique a annoncé jeudi la création d’une plateforme en collaboration avec Interpol pour lutter contre les prédateurs sexuels usant du secteur de l’aide humanitaire pour commettre leurs crimes.
La plateforme a pour objectif d’empêcher que des prédateurs sexuels puissent passer d’une ONG à une autre, a précisé dans un communiqué le Département du développement international (DFID), qui organisait jeudi une conférence internationale sur la lutte contre les agressions sexuelles dans le domaine de l’aide humanitaire.
Ce projet, qui s’appuiera sur l’expertise d’Interpol, intervient après plusieurs scandales de sévices sexuels touchant le monde des humanitaires, dont l’ONG Oxfam et l’ONU.
« Notre message en direction des prédateurs sexuels usant de ce secteur pour commettre leurs crimes est +c’est fini pour vous+ », a déclaré la ministre du Développement international Penny Mordaunt, citée dans le communiqué.
« Nous devons montrer aux gens que nous sommes là pour leur apporter la protection dont ils ont besoin », a-t-elle ajouté.
L’initiative, baptisée Sotéria, d’après la déesse grecque de la sécurité, opérera à partir de deux centres, l’un en Afrique et l’autre en Asie.
Elle permettra davantage de recherches de données et leur meilleur échange au sein des 192 Etats membres d’Interpol, afin d’améliorer le travail de la police, a précisé le DFID.
Le secrétaire général d’Interpol Juergen Stock a souligné qu’elle permettrait à l’organisation d’assumer sa mission principale de protection « des membres les plus vulnérables de la société ».
« Nous n’avons pas besoin de nouveaux systèmes sophistiqués, nous n’avons pas besoin de technologie, nous avons besoin d’un changement complet », a cependant déclaré la militante féministe Alexia Pepper de Caires, qui est montée à la tribune de la conférence, interrompant le discours Penny Mordaunt pour prendre la parole.
Cette ancienne employée de Save The Children, qui avait dénoncé des pratiques de comportements déplacés envers les femmes au sein de l’ONG britannique, s’est dite « écoeurée » par le fait que l’ONG puisse participer à Sotéria. Elle a aussi dénoncé l’exclusion de certains militants de la conférence, ainsi que l’absence de séances de questions/réponses, alimentant les accusations dépeignant l’évènement comme une opération de communication.
Le projet pilote a un coût de 10 millions de livres (11 millions d’euros), dont deux millions pris en charge par Londres.
L’aide apportée par les Britanniques aux ONG inclura l’accès à des enquêteurs spécialisés. Il est aussi prévu de les aider à tester un nouveau passeport prouvant l’identité de leurs collaborateurs, afin d’améliorer le processus de contrôle
Source: AFP