23 Aoû 2018
Un homme atteint de troubles psychiatriques a tué jeudi matin deux membres de sa famille et blessé grièvement une autre personne à Trappes avant d’être abattu par la police, un acte revendiqué par le groupe État islamique mais dont la motivation terroriste restait incertaine pour les autorités.
C’est aux alentours de 09H30 que l’agresseur, âgé de 36 ans, a mortellement poignardé sa mère de 71 ans ainsi que sa sœur de 49 ans, blessant aussi grièvement une passante de 66 ans, habitante du quartier, a-t-on appris de sources concordantes.
A l’arrivée des forces de l’ordre dans ce quartier pavillonnaire de l’ouest de Trappes (Yvelines), l’homme, retranché dans un pavillon, en est sorti « un couteau à la main » avant d’y retourner en vociférant. « Allah Akbar, si vous rentrez je vous fume », a-t-il ainsi lancé aux policiers, a indiqué le procureur de la République de Versailles dans un communiqué.
Il est ensuite ressorti et a avancé vers les policiers, tout en « refus[ant] d’obtempérer à leurs sommations »: ces derniers ont alors utilisé « deux pistolets à impulsion électrique » puis tiré deux coups de feu dont l’un a tué le suspect, précise le communiqué.
Il avait « un problème psychiatrique qui apparaît important », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui s’est rendu sur place à la mi-journée.
L’homme, né à Trappes, était certes fiché pour radicalisation religieuse mais son profil ne suscitait pas une inquiétude particulière des autorités.
Condamné en 2003 pour une « infraction militaire », il avait ensuite fait l’objet de trois procédures distinctes qui n’avaient « pas donné lieu à poursuites », dont l’une pour apologie du terrorisme « classée sans suite en 2016 au motif que l’infraction était insuffisamment caractérisée », a détaillé le parquet.
Il présentait davantage le profil d’un « déséquilibré » que d’un « engagé » pouvant répondre aux « ordres et consignes » d’une organisation terroriste comme l’État islamique, a résumé M. Collomb.
L’attaque a pourtant été rapidement revendiquée par l’EI, qui a affirmé que l’assaillant avait répondu aux « appels à cibler des ressortissants des pays de la coalition » militaire qui combat l’EI en Irak et en Syrie, et dont fait partie la France.
Si l’EI a longtemps eu la réputation de ne revendiquer que les attentats qu’il avait organisés ou inspirés, cette fiabilité a été récemment mise en doute après plusieurs revendications douteuses.
« En 2017, nous avons trois exemples de revendications farfelues de la part de l’État islamique », rappelle Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, interrogé par l’AFP, citant notamment la tuerie de Las Vegas.
– « Un mec qui a pété les plombs » –
Face aux mobiles encore flous, le parquet anti-terroriste n’a pour l’heure pas été saisi. « Les investigations se poursuivent afin de déterminer les circonstances et le déroulement exact des faits ainsi que les motivations de leur auteur, à ce jour encore incertaines », a souligné le procureur de Versailles.
Une enquête a été ouverte pour « assassinat, tentative d’assassinat et menaces de mort sur personnes dépositaires de l’autorité publique » et confiée à la Direction régionale de la police judiciaire de Versailles, a précisé la procureur.
Une autre enquête, visant à examiner les circonstances des coups de feu, a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
A Trappes, les témoignages recueillis par l’AFP semblaient renforcer l’hypothèse d’un « pétage de plomb » doublé d’un différend familial.
Selon plusieurs riverains, l’assaillant était séparé de sa femme et n’avait pas vu ses enfants depuis longtemps.
« On parle de terrorisme mais c’est pas un terroriste, c’est un mec qui a pété les plombs », estimait Pascal, 59 ans, qui habite dans un immeuble voisin.
« Apparemment, c’est un drame familial, ça n’a rien a voir avec la religion », abondait Saïd, un électricien de 35 ans qui dit avoir été au collège avec l’assaillant.
Cette attaque intervient alors que la France vit depuis 2015 sous une constante menace terroriste depuis la vague d’attentats jihadistes sans précédent qui ont tué 246 personnes. La dernière attaque en date remonte au 12 mai dernier quand un assaillant de 20 ans armé d’un couteau avait tué un passant avant d’être abattu par la police à Paris.
Située à 30 km à l’ouest de Paris, Trappes est gangrenée par le chômage et a vu une cinquantaine de ses habitants partir combattre en Irak et en Syrie depuis 2013, selon une source antiterroriste.
Source: AFP