Nous assistons depuis quelques jours à de nouvelles violences au Proche-Orient. Les juifs et les musulmans se sentent concernés par ce conflit qui ne fait que trop durer.
Il est si facile d’inciter à la guerre lorsque certains sont à 4 000 kilomètres
Il est normal de se sentir concerné mais nous devons tous réfléchir à ce que nous, musulmans et juifs, pouvons faire pour amener un espoir de paix dans la région.
Malheureusement, les propos antisémites de certains musulmans comme les propos racistes de certains juifs vivant en France sont présents dans le débat et sont scandaleux. Ils importent le conflit du Proche Orient en France sans en comprendre certains aspects.
Pour ces musulmans et ces juifs il est si facile d’inciter à la guerre lorsqu’ils sont à 4000 kilomètres. Pour ces personnes extrémistes, on observe que la religion est souvent derrière leurs arguments.
Ainsi,nous pouvons entendre que si un musulman dit qu’il faut vivre avec les juifs alors il est considéré par d’autres musulmans comme un kofar. Si un juif dit qu’il est pour la paix, qu’il est pour deux Etats (israélien et palestinien) il est considéré comme traitre ou un kappo.
J’ai longtemps pensé que la paix entre juifs et arabes prendra exemple sur le conflit israélo-palestinien. Je me disais à tort que lorsqu’il y aura la paix entre ces deux entités, alors le bien vivre ensemble sera de vigueur en France et en Europe.
Je me suis trompé car c’est tout à fait le contraire. C’est à nous juifs et musulmans vivant en Europe de montrer que nous pouvons vivre ensemble.
Le dialogue mené par les hommes des clergés ne donne rien
Depuis une trentaine d’années, le dialogue inter religieux essaie de renaître en Europe mais chaque jour nous observons que c’est un échec.
Echec, car ce dialogue est pour la plupart du temps mené par les hommes des différents clergés. Bien sur ils dialoguent, philosophent, comparent les textes mais après ?
Après, il n’y a rien car aucun membre des clergés a une lecture critique du dogme religieux.
Le dogme religieux est dangereux car il impose, n’admet pas la vérité de l’autre et pense avoir raison sur tout.
Tel qu’il est enseigné de nos jours, le dogme religieux ne permet pas aux fidèles d’arriver à une spiritualité. Ainsi si nous mettons une assiette de jambon devant des jeunes juifs et musulmans ils nous diront que ce plat n’est pas cachère ou halal.
Mais lorsqu’on leur demandera pourquoi le jambon n’est pas cachère ou halal il n’y aura pas de réponse à part : « C’est écrit dans le texte ». Ne pas manger du jambon, c’est la religion ; savoir pourquoi, c’est la spiritualité.
Le but de la religion est justement d’être le codex pour arriver à la spiritualité.
Lorsque nous entendons les discussions sur le Proche-Orient, nous observons que ces dernières sont de nature religieuses et non spirituelles.
Au lieu d’affirmer que l’autre a tort, que l’autre est coupable, nous devons nous poser certaines questions : Pourquoi l’autre nous déteste ? Qu’aurais-je fait à sa place ? Ceci est valable pour les juifs comme pour les musulmans.
Le Proche-Orient a besoin de nous car , juifs et musulmans nous pouvons montrer aux pays de cette région qui nous est si chère que nous pouvons vivre pacifiquement ensemble.
Eric Gozlan